El Watan (Algeria)

Tirs croisés sur les nouveaux députés

- K. Medjdoub

Oulach echariya» (Il n’y a pas de légitimité) a-t-il été tonné hier dans les rues de Béjaïa, une semaine après un scrutin qui a accouché du deuxième plus faible taux de participat­ion à l’échelle national (0,92%). Les dernières législativ­es n’ont rien changé à la position du mouvement populaire. Les mêmes foules de manifestan­ts de la veille des élections, vendredi 11 juin, sont revenues hier pour réoccuper les rues bougiotes et continuer à dire «Ma ranach mlah» (Nous ne sommes pas bien), et à revendique­r «L’istiklal» (l’indépendan­ce), en se libérant du «système». Le boulevard de la Liberté a été envahi sur toute sa longueur par des manifestan­ts qui ont crié leur lassitude à devoir supporter le statu quo et la feuille de route que met en exécution un «pouvoir» qui les ignore : «Naaya si lbatel, système dégage !» (Nous en avons assez de l’injustice…). Inévitable­ment et comme il fallait s’y attendre, les élections qui viennent de consacrer neuf députés dans la wilaya, dont huit sous le sigle du parti FLN, malgré le rejet massif et historique pour une telle consultati­on, ne pouvaient pas être évacuées des slogans du mouvement qui en veut aussi bien au pouvoir pour son «passage en force» qu’aux nouveaux députés pour leur «caution».

«Barlamane el khawana», ont scandé les centaines de voix depuis le départ de la marche sur l’esplanade de la Maison de la culture, assumant le mot d’ordre de boycott.

Tout au long de la protestati­on, suivie comme d’habitude par le fidèle hélicoptèr­e de la police, les manifestan­ts n’ont cessé de considérer le dernier scrutin comme une «parodie d’élections», convaincus que les 5179 voix annoncées sont les suffrages des corps constitués. «El intikhabat masrahia, votaw el asker sbah ou achiya» (Les élections sont une mascarade), les militaires ont voté jour et nuit), a-t-on crié. Le sujet revient aussi sur des pancartes, dont celle qui exhorte à «Arrêter d’élire la mauvaise graine», tandis qu’une autre rappelle, à qui veut entendre, que «Nous n’avons pas voté». La foule s’est emballée à hauteur du bloc administra­tif à la vue d’une affiche portant les photos des neuf nouveaux députés accrochée sur l’imposant mur faisant face au siège de l’Autorité chargée des élections. Dans une ruée subite, les photos ont été «lynchées» aux cris de «Baouha el khawana» (Les traîtres l’ont vendue). Les manifestan­ts ont eu les mots les plus durs pour les députés, dont on devine le mandat parlementa­ire difficile à assurer au contact de la population, tant les rancoeurs risquent d’être tenaces. La foule d’hier a montré aussi qu’elle en veut même aux candidats malheureux des législativ­es, dont elle a continué à accabler de tant de reproches.

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