TABBOU ÉVOQUE UN «VÉRITABLE AFFRONT» POUR LE RÉGIME
L’opposant politique Karim Tabbou a salué, mercredi dernier, le rejet des législatives du 12 juin par les Algériens, un scrutin marqué par une abstention historique et une répression du hirak. «Je voudrais profiter de cette opportunité pour adresser mes vives révérences à l’ensemble des Algériens qui ont défié la peur et rejeté le scrutin du 12 juin. Ce scrutin fut un échec patent et un véritable affront pour les tenants du pouvoir. Finalement, mis à part une minorité constituée d’engeance de politicards aux calculs bas, la majorité des Algériens a fait preuve de maturité politique en infligeant une bonne leçon aux vrais décideurs du pays», a souligné le coordinateur de l’UDS dans une déclaration publiée sur sa page Facebook. «Malgré toutes les offres alléchantes du pouvoir et les facilités accordées pour la constitution des listes, supposées engranger le maximum de votations, le peuple, comme attendu, a décidé autrement. Il a dit clairement Non au pouvoir et Non à ces opportunistes, acolytes et serviteurs», a-t-il ajouté, au lendemain de l’annonce des résultats préliminaires du scrutin, marqué par la victoire des partis réputés proches du pouvoir (FLN, RND et MSP). Depuis le début du hirak, le peuple a «tranché la question des élections, en scandant à plusieurs reprises ‘‘Makache intikhabat maa el 3issabat’’ !», a-t-il rappelé. «La généralisation de toutes les pratiques frauduleuses, de la manipulation du suffrage universel, de la corruption et la persistance de la désignation par le haut de fausses représentations politiques et sociales, ne feront qu’aggraver la crise et la compliquer», a mis en garde Tabbou, qui n’a pas souhaité commenter son interpellation à la veille du scrutin. Placé sous contrôle judiciaire fin avril, Tabbou considère que la victoire des partis traditionnels proches du régime signe le retour de «tous les complices de l’ère Bouteflika». «Dans leur obsession de maintien au pouvoir, les tenants du statu quo mortel ont concocté des institutions fantoches, vides et discréditées autant devant l’opinion nationale qu’internationale. Aujourd’hui, Ils tentent violemment de taire la voix du peuple pour lui substituer celle des médiocres, des dociles et des charlatans», a-t-il dénoncé, évoquant «un processus contre-révolutionnaire qui a abouti à la mise en place d’institutions illégitimes». Le coordinateur de l’UDS a aussi fustigé les discours haineux proférés par Abdelkader Bengrina à l’égard de la région de Kabylie. «Lorsqu’un responsable d’un parti politique connu pour son hostilité maladive envers la Kabylie, au vu et au su de toutes les instances judiciaires, tient des discours ethnicistes et d’insultes à l’égard de cette région, allant même jusqu’à faire l’apologie de la haine, cela atteste de la complicité au plus haut sommet de l’Etat», s’est indigné Tabbou.
Il a également accusé la «France officielle», à travers son soutien au régime d’Alger, d’être «l’un des obstacles à la mise en place d’un processus démocratique en Algérie». Face aux «velléités autoritaristes du régime», cette figure du hirak a recommandé «à toutes les forces du changement de surpasser les faux clivages pour aller au plus vite vers la construction d’un projet d’avenir, capable de remobiliser la société dans son entièreté». A propos à la question «urgente» des détenus d’opinion, il a plaidé en faveur de «la mise en place d’un cadre de travail consacré exclusivement à la protection des libertés et la défense des droits de l’homme».