El Watan (Algeria)

L’Algérie présente avec quatre films

Comme à chacune de ses éditions, le Festival internatio­nal du film oriental de Genève met en avant-plan le cinéma algérien.

- Nacima Chabani

Ainsi, l’Algérie sera présente à la 16e édition du Festival internatio­nal du film oriental de Genève avec la projection de quatre films, dont deux d’entre eux seront en compétitio­n officielle. Prévue du 21 au 27 juin, cette 16e édition se déroulera sur sept lieux de projection­s dans le canton de Genève et ses communes. En chiffre, pas moins de 50 films, tous genres confondus, seront projetés, 40 invités sont attendus de 20 pays étrangers et plusieurs prix seront attribués aux futurs lauréats. En outre, cinq compétitio­ns (courts et longs-métrages) sont au programme. De même qu’un prix du public sera décerné par les internaute­s en ligne. Le directeur du Fifog, Tahar Houchi, précise qu’après le chamboulem­ent du monde causé par la Covid-19, le thème de cette édition, placé sous le signe de l’espoir, s’impose. «L’Espoir fait vivre», dit le proverbe. Aussi, il conduit les artistes à de sublimes créations. «Les cinéastes d’Orient ont toujours travaillé dans un contexte difficile, et récemment leur situation s’est compliquée davantage avec les mesures sanitaires. Mais l’espoir et le courage ne les ont jamais désertés. Le FIifog propose le florilège de leurs oeuvres filmiques», note-t-il. De son côté, l’écrivaine, oratrice, journalist­e et militante libanaise pour les droits des femmes, Joumana Haddad, qui est, rappelons-le, présidente d’honneur du Fifog s’interroge : «Qu’est-ce qui crée l’espoir ?» «Est-ce l’instinct de survie, ou ce qu’on appelle ‘courage’, ou juste la pure naïveté ? Sisyphe le persévéran­t, n’est-il au fond qu’un pauvre candide ? Et ma Beyrouth, serait-elle Sisyphe ? Dès ma plus jeune enfance passée au milieu d’une guerre civile féroce, j’ai dû apprendre à oser l’espoir pour pouvoir survivre dans cet endroit homicide. Aujourd’hui encore, 45 ans après, me voici toujours osant l’espoir, malgré - à cause de - ma ville déchiqueté­e et à demi-détruite. L’espoir comme un exercice de vie face à la mort qui nous assiège de partout.

L’ESPOIR COMME UNE VENGEANCE

L’espoir pour respirer. Pour ‘ exister’ alors que tout autour de nous semble vouloir nous priver.» Ainsi le cinéma algérien sera bien à l’affiche avec deux longs-métrages en compétitio­n officielle. Le premier film Papicha, signé par Mounia Meddour, a remporté plusieurs prix à l’internatio­nal, dont le César du meilleur espoir féminin et le César du meilleur premier film, Humanitari­an Award. Ce film de 105 minutes plonge les cinéphiles dans Alger des années 90. Au sein d’un groupe de jeunes femmes, étudiantes à Alger, durant la décennie noire, Nedjma, étudiante en français, rêve de devenir styliste de mode. Elle se faufile régulièrem­ent avec son amie Wassila hors de sa résidence universita­ire pour aller en boîte de nuit et en profite pour vendre ses créations à d’autres jeunes filles. Mais elle est confrontée à la violence de la guerre civile et aux pressions de plus en plus fortes pour qu’elle se conforme aux normes morales et vestimenta­ires dictées par les islamistes. Sa soeur Linda est assassinée. Elle refuse de se soumettre et décide d’organiser un défilé de mode au sein de sa résidence universita­ire, et de dessiner les modèles sur le thème du haïk. Confrontée à de nombreux obstacles, dont la destructio­n de sa collection par des extrémiste­s islamistes, elle et ses amies décident d’organiser le défilé coûte que coûte. Il sera interrompu par des hommes armés de mitraillet­tes, et Nedjma n’échappera à la mort que de justesse. Qu’ils partent tous, de Sara Nacer est le deuxième film, programmé en compétitio­n officielle. La cinéaste algérocana­dienne revient en Algérie pour capturer à travers sa caméra le mouvement populaire du hirak. Elle nous invite dans son voyage à découvrir comment la jeune génération mène cette «Révolution du sourire» avec une forte conscience politique, culturelle et sociale, construisa­nt ainsi l’Algérie. Dans le registre de la section Panorama du Fifog, notons la projection du documentai­re Des figues en avril, Nadir Dendoune. Le journalist­e et écrivain Nadir Dendoune dresse un tendre portrait de sa mère, Messaouda, 82 ans, dont 58 passés dans un deux pièces, en Ile Saint-Denis. Seule, depuis que son mari Mohand atteint d’Alzheimer n’habite plus chez eux, Messaouda raconte avec fierté sa France des quartiers populaires et le devenir de ses enfants. Enfin dans la catégorie du prix du public Fifog en ligne et du Maghreb en court, on retiendra la projection du court-métrage de fiction El Gardoun-la passation d’une durée de 9 minutes de Sarah El Hamed. Dans un palais hors du temps et à l’abri des regards, un cercle de femmes réalise la force du lien mystique qui les unit. Il est à noter par ailleurs que toujours dans le cadre du Fifog, six exposition­s artistique­s seront en ligne. Les intéressés pourront découvrir, entre autres, le travail de trois artistes peintres algériens : Akila Dahach, Hazar Kab et Chemsou Belarbi.

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Scène du film Papicha, de Mounia Meddour

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