Ce que Belmadi n’a pas vu !
Même si l’initiative était louable et a suscité l’admiration de plus d’un, la visite, lundi dernier, du sélectionneur de l’équipe nationale de football, Djamel Belmadi, au service de pédiatrie oncologique du CHU de Blida a provoqué aussi des mécontents. Et pour cause, ces derniers auraient souhaité que l’une des stars les plus aimées du pays soit informée de l’existence d’un projet de construction d’une clinique de pédiatrie oncologique dédiée à la prise en charge globale et intégrée en un seul lieu, soit médicale, sociale, psychologique et éducative. Belmadi n’a certainement pas vu les nombreux enfants atteints de cancer et qui attendent désespérément leur tour de prise en charge faute de lits disponibles. «Pour mieux défendre le projet d’intérêt général, il aurait été souhaitable qu’il en soit informé, lui qui a du poids au sein des décideurs», insiste-t-on. Aujourd’hui, le projet se retrouve malheureusement bloqué en dépit de son importance ! Et dire que d’après des estimations, notre pays enregistre plus de 1000 nouveaux cas par an, alors que le nombre de lits reste insignifiant. Belmadi n’a sûrement pas vu les nombreux enfants malades qui attendent leur tour pour une prise en charge dans l’urgence. «Belmadi a rendu le sourire aux enfants malades, il leur a offert des cadeaux… et surtout de l’espoir… mais le problème de la prise en charge de ces enfants persiste et se pose avec acuité. Le nombre des malades ne cesse d’augmenter, mais aucune structure digne de ce nom n’existe en Algérie. Il y a juste de petites ailes rattachées au service de pédiatrie», regrette un médecin. Pour rappel, l’association d’aide aux malades cancéreux El Badr, non conviée à la visite de Belmadi, a programmé, il y a quelques années, la construction d’une clinique à part entière dédiée à l’oncologie pédiatrique à Blida. Et aussi la première à l’échelle nationale. Pour cela, un terrain de 3000 m2 lui a été octroyé par les autorités locales et une grande opération de don a été effectuée. Même la conception et les plans d’architecture ont été finalisés et validés par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pour ce faire, des consultations d’experts en Algérie et à l’étranger ont été effectuées et des déplacements des éléments de l’association El Badr au Canada, France, Liban… ont eu lieu pour s’inspirer des structures dédiées à l’oncologie pédiatrique à l’étranger. Cet ambitieux centre comprendra deux pôles : l’un médical, avec 60 lits, et l’autre social qui recèlera 30 chambres et est destiné à l’hébergement des enfants et de leurs familles. Ainsi, il permettra aux enfants malades de poursuivre leur scolarité et de bénéficier des activités ludiques, tout en étant à côté de leurs familles lorsque cela s’avère nécessaire. Toutefois, avec l’absence de déclassement du terrain destiné au projet en question, le début des travaux n’est pas pour demain. Il s’agit d’un ancien terrain agricole situé dans une zone urbanisable. «Le problème se pose en haut lieu, puisque la réunion de la commission interministérielle chargée notamment de ce dossier, afin de déclasser officiellement le terrain en question, ne cesse d’être renvoyée aux calendes grecques. Cela se passe au moment où plusieurs enfants cancéreux sont privés de prise en charge à temps, faute de places dans les hôpitaux», regrette le Dr Moussaoui, président de l’association El Badr.