«Ce projet a été comme un legs offert à son fils Kamel»
Que représente pour vous cette expérience musicale unique ?
Ça a été pour moi une occasion unique de plonger dans le répertoire très riche est très ancien du malouf, de plus j’ai eu la chance d’avoir été encadré pour cela par le grand maître du genre : Hamdi Benani. Le but était tout de même de créer une rencontre, un échange entre l’univers musical de Hamdi et le mien avec mes compagnons de Speed Caravan. Il était parfois difficile de trouver les points d’entente entre le répertoire rock oriental qui me caractérise et la musique andalouse jouée plutôt de façon traditionnelle. Il fallait respecter la tradition tout en étant subtilement insolent : le défi était grand et je n’aurais pas pu le faire avec quelqu’un d’autre que Hamdi qui faisait constamment preuve d’une très grande ouverture d’esprit. Je crois même que le jeu lui plaisait et qu’il avait envie de briser les barrières du malouf. Car lui seul pouvait se le permettre : il en était un de ses plus dignes représentants.
Hamdi n’est plus là pour apprécier l’oeuvre qu’il a partagée avec vous. Quelles sont vos impressions à la veille de la sortie publique de votre album ?
C’est, bien sûr, une très grande tristesse pour moi de ne pas pouvoir partager cela avec le cheikh. Il y a tant de moments où il me manque profondément, comme par exemple de faire la promotion de cet album. Sa personnalité était tellement agréable que j’aurais vraiment apprécié de faire ces interviews et toute la promotion en sa compagnie. Il nous manque cruellement, mais nous devons parler de cet album pour respecter sa mémoire. Nous avons eu quand même la chance qu’il entende les morceaux dans leurs versions quasi-définitives et cela nous permet d’avoir bonne conscience par rapport à la validation de cette oeuvre. Et puis Hamdi était très à cheval sur la transmission, la passation et en ce sens de ce projet a été comme un legs offert à son fils Kamel.
Désormais, vous êtes notoirement connu en Algérie et surtout à Annaba. Peut-on espérer une autre oeuvre avec Kamel le fils du défunt, sachant qu’il est le digne héritier artistique de son père Hamdi ?
Je pense déjà que nous devons, Kamel et moi ainsi que tous les musiciens ayant participé à ce projet, de faire vivre l’album sur scène. Après cela, je n’ai aucune difficulté à imaginer des collaborations futures avec Kamel Benani, surtout que, en faisant ce disque, nous avons accumulé beaucoup de matière qui pourrait être le point de départ de nouveaux projets.