Formes et intentions
Une vingtaine de concepteurs algériens bousculent la façon dont nous envisageons et façonnons notre environnement à travers des installations esthétiques contemporaines.
Dans le cadre de la 1re Biennale algéro-française de design (DZIGN 2020+1,) la villa Abdeltif à Alger accueille jusqu’au 26 juin l’exposition de design «Intramuros». Organisée sous le thème «Réinventer la ville par le design», cette présente exposition vient s’ajouter aux deux précédentes de cette première biennale, à savoir «Explore Outside the Box, photographiez la cité de demain» organisée à l’Institut français d’Alger jusqu’au 27 juin et «Extramuros» aux ateliers sauvages jusqu’au 26 juin. Pour rappel, la première biennale algéro-française du design «DZign2020+1» est organisée sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, par l’Institut français d’Algérie (IFA), en collaboration avec l’AARC, l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU) et le Musée public national d’Art moderne et contemporain d’Alger (MAMA). Ainsi, au niveau de la villa Abdeltif, une vingtaine de concepteurs propose des objets alliant performance et esthétique contemporaine. En effet, ces artistes nous donnent des idées multiples sur certains aménagements d’intérieurs des maisons. L’exposition en question rapproche ainsi le design de notre quotidien, et ce, à travers un amoncellement de créations stylisées. Zoom sur certaines de ces créations aux formes innovantes. Le designer et architecte d’intérieur Mohamed Yahiaoui, alias Yamo donne de l’émotion à outrance à travers son installation philosophique baptisée «Les avatars». Dans l’une des antichambres de la villa Abdeltif, il dévoile un genre de sarcophage de cinq mètres de long avec trois objets en verre minérale vert, ayant une très grande signification. Yamo nous explique que le sarcophage et les trois objets, font penser automatiquement à une tombe mais de femme. «Quand on enterre une femme, on met une pierre au milieu. J’ai certes mis une pierre au centre, mais cette femme n’est pas morte mais endormie. C’est plus un esprit. J’ai posé du verre qui est minéral. Et l’origine du verre, c’est le sable. Dans le coeur de ces trois blocs en verre, il y a une rose de sable. Ces roses de sable sont, justement, les avatars. Ces derniers font vivre toutes les roses de sables au désert. J’avais envie de les sublimer. Je ne parle pas de la rose des sable que tout le monde a vulgarisé mais je parle de son esprit que personne ne peux pas toucher. J’ai matérialisé en trois éléments très spirituels l’esprit de la rose des sables», détaille-t-il. Le trio Karim Sergoua, Rachida et Samia Merzouk proposent un service de table en argile aux formes aériennes baptisé «lem’karfès» (le froissé) et un genre de lampe de chevet «igerzzen» (la merveilleuse), entièrement réalisé à base d’objets de récupération. Pour sa pat, l’artiste Djaafar Zizi participe à cette exposition avec une installation moderne intitulée «takka». Ces fenêtres métalliques se déclinent sous la forme d’étagères en vitraux teintées, fortement inspirées des fenêtres de la mythique Casbah d’Alger. De leur côté, les cofondateurs de «Kutch», Mouna Boumaza et Khalil Bensalem, cofondateurs de «Kutch» exposent une table d’intérieur à multiusage en laiton, exploitant les déchets du bois de premier usinage tels que les copaux, la sciure et les écorces pures pour la fabrication de ses supports et le mat d’une lampe qui pointe au-dessus de la table. Mieux encore, les intéressés pourront découvrir une installation inédite de l’artiste peintre Mahjoub Ben Bella, décédé en juin 2020. Il s’agit d’une collection inachevée de céramiques, appartenant au fond de l’Agence algérienne de raisonnement culturel (AARC). Ces belles céramiques inachevées se donnent à admirer à l’état de biscuits, avec en prime les croquis de ces pièces.