Ni figurant ni intermittent actant
Tout un Conseil interministériel, sous la férule du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, planche pour le salut du 7e art algérien. Il s'agit de la relance de l'industrie cinématographique. Une initiative impulsée et exhortée par le primus inter pares, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Affirmant que la culture, notamment le cinéma, n'est pas cet éternel parent pauvre. Et confirmant cette mesure «phare» de son programme présidentiel. C'est de bon augure. Mais en même temps, une appréhension légitime. Celle des professionnels du cinéma, auteurs, techniciens, comédiens, réalisateurs et producteurs. Ils ne voudraient pas qu'on les épate, une ixième fois, avec des effets d'annonce et autre effet «boeuf». Concrètement, ils font confiance à cette décision politique prise par le président de la République. Par conséquent, ils espèrent en finir avec les palliatifs, les expédients, les demi-mesures, les pratiques jurassiques, les ostracismes… Ils attendent pour juger sur pièce. Tout en croyant à ce slogan, un argument-massue : «la nouvelle Algérie». Cette Algérie nouvelle, il ne faudrait pas la gruger, la leurrer, la trahir... Elle, jeune, vive, créative, vibre artistiquement pour son pays et elle est exigeante. Donc, pas d'écran de fumée. Si l'Etat s'attelle à la mise en place d'un plan de relance de l'industrie du cinéma. Cela veut dire qu'il s'implique. Cela signifie qu'il soutient énergiquement le cinéma. Ces professionnels du cinéma, jeunes et anciens, aspirent à maximiser l'impact de la relance de l'industrie du cinéma, à inciter au réinvestissement, à être encouragés par un soutien effectif et efficient de l'Etat jouant un rôle pas du tout secondaire mais de «facilitateur», à miser sur les jeunes talents, à créer des gisements d'emploi… Et surtout bâtir, séance tenante, une infrastructure cinématographique, des studios de tournage d'envergure, comme en Afrique du Sud, au Nigeria et au Maroc. Car il s'agit d'un cinéma industriel par opposition à celui traditionnel. Le cinéma est de poche «pocket» actuellement (portable, tablette…). Ce projet de décret exécutif imminent portant sur le transfert des salles de cinéma, gérées actuellement par les collectivités locales, vers le ministère de la Culture et des Arts est un acquis et une éclaircie pour ces salles obscures, tristement closes et vides. La projection de films récents, tels que Heliopolis de Djaâfa Gacem, El Achiq de Sifodil Amar et Abou Leila de Amine Sidi Boumediene, à Alger, Oran, Béjaïa, Batna, Mascara, Adrar, Tizi Ouzou et El Oued, ont drainé un public. Une évidence que le cinéma n'est pas mort en Algérie. C'est le public de demain regardant le blockbuster sortant simultanément à Alger et New York. C'est celui suivant les films locaux produits par Netflix (par exemple Queen Sono, Mosul tourné entièrement au Maroc, à Marrakech..). Dans des studios algériens, avec des acteurs parlant leur langue nationale. Cela génère de l'emploi, des revenus, développe l'audience, et ce, à moindre coût.