A peine sortie de l’épidémie, Chicago pâtit d’une hausse de la violence
Dans le centre-ville de Chicago, les commerces, qui ont survécu à la crise économique entraînée par le coronavirus, devraient être ravis de la réouverture de la ville, lundi. Mais beaucoup subissent un nouveau coup dur : une recrudescence de la violence qui tient les clients – et leurs porte-monnaie – à distance. «Je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité qu’à l’heure actuelle», dit à l’AFP Steve Burrows, un avocat de 48 ans qui vit à Chicago depuis toujours. «Je travaille dans le centre-ville, donc je suis ici tous les jours pendant la journée, mais je ne viendrais pas le soir ou le weekend». Si les gens comme lui, les habitants des banlieues et les millions de touristes habituellement présents ne viennent pas, les entreprises de Chicago en ressentiront les conséquences, d’autant que, pour beaucoup, le tumulte des 16 derniers mois a laissé des traces. Chicago, troisième plus grande ville américaine, est loin d’être un cas isolé : partout aux Etats-Unis, des localités constatent une hausse de la violence. «La vérité, c’est que personne ne sait vraiment ce qui a conduit à cette hausse» qui concerne «les crimes par arme à feu» et d’autres types de crimes violents, déclare Roseanna Ander, directrice exécutive du Crime Lab de l’université de Chicago, qui étudie la criminalité.
Reste que la pandémie a aggravé de nombreux problèmes sociaux. «Elle a tout exacerbé, tout amplifié», dit Mme Ander. A Chicago, le crime s’invite dans des zones jusqu’ici considérées comme sûres, et aucune catégorie de crimes violents n’échappe à la hausse. Les fusillades sur l’autoroute ont atteint un niveau sans précédent : 93 depuis le début de l’année contre 39 à la même période l’an dernier. Dans le centre-ville, les coupables désignés sont des jeunes qui ont créé le chaos pendant les week-ends de ces deux derniers mois en commettant des vols et des agressions, autant d’incidents qui, selon les propriétaires de commerces, font fuir les clients. Pourtant, la maire Lori Lightfoot est optimiste. Mardi, pendant que Chicago subissait sa troisième fusillade en trois jours, elle a appelé à plus d’aide fédérale pour endiguer le flux d’armes illégales, tout en adoptant un ton positif. «La réalité, c’est que notre ville est sûre. Je le maintiens», a affirmé Mme Lightfoot. Raymond Lopez, un élu local critique de la maire, pense qu’elle vit dans «le monde des bisounours» et qu’elle a eu tort de réduire récemment la possibilité, pour la police, de poursuivre en voiture des suspects. «La police doit attraper les criminels.»