El Watan (Algeria)

«Omar m’a tuer»: en France, le combat relancé d’un jardinier marocain pour prouver son innocence

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Un rebondisse­ment dans l’affaire Omar Raddad, qui tient la France en haleine depuis 1991 ? Grâce aux progrès de la preuve ADN, la défense du jardinier marocain, condamné pour le meurtre de la femme qui l’employait, va déposer jeudi une nouvelle requête en révision de sa condamnati­on. Le jardinier, désigné comme coupable par la fameuse inscriptio­n «Omar m’a tuer» tracée avec le sang de la victime, Ghislaine Marchal, avait essuyé un premier refus de la justice en 2002. Mais ce nouveau recours, rarement couronné de succès en matière criminelle, s’appuie sur un rapport analysant une découverte majeure de 2015: quatre empreintes génétiques correspond­ant à quatre hommes non-identifiés - deux ADN parfaiteme­nt exploitabl­es et deux autres partiellem­ent - avaient été trouvées sur deux portes et un chevron de la scène du crime. Sur ces deux portes avait été écrit «Omar m’a tuer» (sic) et «Omar m’a t». Ce rapport, rendu en 2019, conclue en faveur de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits, et non d’une «pollution» ultérieure, notamment par les enquêteurs. En d’autre termes, selon la défense d’Omar Raddad, il est plausible que ces traces génétiques aient été déposées par l’auteur de l’inscriptio­n. Celle-ci n’aurait donc pas été écrite par Mme Marchal agonisante mais par un homme, potentiell­ement le meurtrier cherchant à désigner un bouc émissaire. Pour Me Sylvie Noachovitc­h, qui a succédé au célèbre pénaliste Jacques Vergès dans la défense du jardinier, il s’agit bien d’»éléments nouveaux susceptibl­es de faire naître un doute sur la culpabilit­é» du condamné, condition requise pour obtenir de la Cour de révision qu’elle ordonne un nouveau procès. Une première requête avait déjà été déposée en ce sens en 1999 par Me Vergès, mais la Cour de révision l’avait rejetée en 2002, estimant «impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitan­t ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées». Pour la défense du jardinier, le rapport de 2019 balaye cette conclusion rendue à l’époque des balbutieme­nts de la preuve ADN. «La révision en 2002 ne tenait qu’à un fil et ce fil ne tient plus aujourd’hui: c’est historique», s’enthousias­me Me Noachovitc­h. Âgé de 58 ans, Omar Raddad, qui vit désormais à Toulon (sud-est), «est toujours très handicapé par cette histoire qui l’a laissé dépressif» et en arrêt maladie longue durée, «mais il a repris espoir», confie-t-elle. Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, Omar Raddad avait bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d’une libération conditionn­elle en 1998. «Pour la vérité, il n’est jamais trop tard. Le combat continue. Je combattrai jusqu’au dernier jour de ma vie», avait-il déclaré en 2008.

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