El Watan (Algeria)

Les élections et le départ des mercenaire­s au menu

● Le 13 novembre, des délégués libyens réunis en Tunisie sont parvenus à un accord prévoyant «des élections nationales» le 24 décembre 2021.

- Amnay Idir

Les ministres des Affaires étrangères des principaux pays impliqués dans le conflit libyen tiendront aujourd’hui à Berlin, en Allemagne, un nouveau sommet. Pour la première fois, le gouverneme­nt de transition libyen participer­a à cette conférence. Le secrétaire général de l’Organisati­on des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, devrait intervenir en vidéo. Les Etats-Unis seront aussi représenté­s par leur secrétaire d’Etat, Antony Blinken. Cette rencontre sera consacrée aux élections présidenti­elle et législativ­es simultanée­s du 24 décembre, que le gouverneme­nt de transition, dirigé par le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, a promis d’organiser et à la question du départ troupes étrangères et mercenaire­s du pays. Le 19 janvier 2020, une première conférence a réuni dans la capitale allemande, sous l’égide des Nations unies, les dirigeants des pays impliqués dans le conflit et était parvenue à un accord fragile pour mettre fin au conflit.

La rencontre d’aujourd’hui intervient alors que des doutes subsistent sur la volonté de l’Exécutif en place de tenir ce scrutin. L’ancien ministre de l’Intérieur libyen, Fathi Bachagha, probable candidat à cette élection présidenti­elle au suffrage direct, a ainsi mis en demeure, le 2 juin, le gouverneme­nt de ne pas retarder la tenue de cette consultati­on. «Il est clair que le gouverneme­nt actuel préférerai­t ne pas avoir d’élections», a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’AFP. «Mais c’est un engagement qui doit être mené à terme», a-t-il observé. Entre-temps, les divisions entre les deux pouvoirs rivaux, en Tripolitai­ne (Ouest) et Cyrénaïque (Est), ont resurgi récemment. Une trêve officielle est en vigueur depuis octobre, mais l’envoyé des Nations unies pour la Libye, Jan Kubis, a reconnu, en mai, que les progrès concernant l’unificatio­n des institutio­ns divisées et le retrait des forces étrangères sont au «point mort». En décembre, l’ONU estimait à quelque 20 000 le nombre de mercenaire­s et combattant­s étrangers en Libye. Des forces militaires turques sont aussi présentes en vertu d’un accord bilatéral conclu par Ankara avec le précédent gouverneme­nt de Tripoli. Dans la nuit du 7 au 8 mai, des dizaines d’hommes armés ont fait irruption dans un hôtel de Tripoli servant de QG au Conseil présidenti­el pour protester contre l’appel de la ministre des Affaires étrangères, Mme Najla Al Mangoush, au retrait des troupes turques.

DU CHAMBARDEM­ENT AU DOUTE

Le nouveau Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, suscite une certaine défiance. Il est en effet connu pour sa proximité avec Ankara et s’est ainsi engagé à respecter les accords signés par l’ancien gouverneme­nt avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, en 2019, qui garantisse­nt une présence militaire turque en Libye et confirment la répartitio­n des zones maritimes respective­s entre les deux pays.

Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar El Gueddafi, la Libye est affligée depuis 2015 par la rivalité entre deux pouvoirs : le Gouverneme­nt d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez Al Sarraj, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et le cabinet incarné par Abdallah Al Theni allié au maréchal Khalifa Haftar en Cyrénaïque. D’avril 2019 à juin 2020, le maréchal Haftar, à la tête de la force paramilita­ire l’«Armée nationale libyenne» (ANL) lance une offensive pour la conquête de Tripoli qui se solde par un échec. Le 23 octobre 2020, les parties rivales, après cinq jours de discussion­s organisées à Genève par l’ONU, signent un accord de cessez-lefeu permanent avec «effet immédiat». Le 13 novembre, l’ONU annonce que des délégués libyens réunis en Tunisie sont parvenus à un accord prévoyant «des élections nationales» le 24 décembre 2021. Le 20 janvier dernier, les participan­ts au dialogue politique, réunis en Egypte, conviennen­t de l’organisati­on d’un référendum sur la Constituti­on avant les élections.

Le 5 février, 75 délégués libyens réunis sous l’égide de l’ONU en Suisse désignent l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre de transition jusqu’au scrutin de décembre, au côté d’un Conseil présidenti­el de trois membres. Le maréchal Haftar promet le soutien de ses forces au processus de paix. Le 15 mars, Abdelhamid Dbeibah prête serment. Son Exécutif remplace aussi bien le GNA d’Al Sarraj que le cabinet parallèle d’Abdallah Al Theni, basé en Cyrénaïque dans l’est.

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Que peut-on attendre de la conférence internatio­nale de Berlin II sur la Libye ?

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