Un abbé et un groupe de catholiques maliens victimes d’un enlèvement
Un abbé et un groupe de catholiques maliens ont été enlevés par des hommes armés alors qu’ils se rendaient à l’enterrement d’un autre abbé dans le centre du pays, a rapporté hier l’AFP citant leur communauté et des autorités. Les rapts sont monnaie courante dans le pays en proie depuis des années à une crise sécuritaire profonde, en particulier dans le centre, un des foyers des violences djihadistes, intercommunautaires ou crapuleuses qui ensanglantent le Sahel. Mais l’enlèvement de cinq membres de la communauté catholique dans ce pays majoritairement musulman est un fait exceptionnel. On ignore par qui ils ont été kidnappés et pourquoi. Les enlèvements attribués aux djihadistes sont communs dans le secteur où ils ont disparu. Le groupe se rendait lundi à San pour y prendre part aux obsèques de l’abbé local, Oscar Thera, prévues hier, ont indiqué les responsables de la communauté. «Nous les attendions hier à San», a déclaré le père Alexis Dembélé, qui appartient à la conférence épiscopale, hiérarchie collégiale de l’Eglise malienne. «Les autres délégations de Mopti sont là. Nous avons la confirmation qu’il s’agit d’un enlèvement par des hommes armés. C’est une grande inquiétude dans la communauté catholique du Mali», a-t-il dit. Le groupe était parti de la localité de Ségué, située sur le plateau dogon et peuplée en grande partie de catholiques rattachés à l’église de Mopti, la grande ville du secteur. Le réseau routier impose de remonter vers le nord pour ensuite redescendre vers le sud et San. Ils ont été enlevés à une trentaine de kilomètres au nord de Ségué, dans les environs de Ouo, a précisé Cleophas Tienou, un responsable de l’église de Mopti. Le colonel-major Abass Dembélé, gouverneur de la région de Mopti, a confirmé l’enlèvement, sans plus de précision. Les enlèvements, de Maliens ou d’étrangers, sont l’un des aspects de la violence polymorphe qui frappe le Mali. Un journaliste français, Olivier Dubois, a été enlevé début avril dans le nord du Mali par des djihadistes affiliés à Al Qaîda. Une religieuse franciscaine colombienne, soeur Gloria Cecilia Narvaez, enlevée en 2017 par des djihadistes, est considérée comme toujours retenue en otage. Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par les groupes liés à Al Qaîda et à l’organisation Etat islamique (EI), ainsi que les violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du Mali en 2012. Environ 4% de la population malienne est chrétienne, selon l’archevêché.