El Watan (Algeria)

Le journalist­e Soulaimane Raissouni «frôle la mort», selon sa famille

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Le procès du journalist­e marocain Soulaimane Raissouni a repris, hier à Casablanca, en l’absence du prévenu, en grève de la faim depuis 76 jours, qui «frôle la mort», selon sa famille. «Ses avocats l’ont vu hier, il était très fatigué (...) il frôle la mort», a déclaré à l’AFP son épouse, Kholoud Mokhtari, avant l’audience devant la cour d’appel de Casablanca. L’administra­tion pénitentia­ire (DGAPR) a fait savoir à la cour au début de l’audience qu’il avait «refusé» d’assister au procès. Vendredi, la DGAPR l’avait accusé dans un communiqué de «chercher à tromper l’opinion publique en observant une pseudogrèv­e de la faim». «M. Raissouni est prêt à assister à son procès à condition d’être transporté en ambulance et d’avoir un fauteuil roulant», a, pour sa part, assuré un de ses avocats, en demandant un rapport médical sur son état de santé. Ce week-end, l’éditoriali­ste de 49 ans a été hospitalis­é à deux reprises «après avoir perdu conscience», selon la même source. Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum – en banquerout­e depuis mimars –, est poursuivi pour «agression sexuelle» après une plainte déposée par un militant LGBTQ pour des faits qu’il conteste. Arrêté fin mai 2020, il dit avoir perdu depuis cette date plus de 35 kg, dont 18 kg pendant sa grève de la faim, lancée pour dénoncer la «grande injustice» de sa détention préventive. «Je suis prêt, voire avide, de ce procès (...) qu’il soit devant la cour ou devant le tribunal de Dieu», a-t-il écrit la semaine dernière dans une lettre dictée à ses avocats et partagée par son épouse sur Facebook. La justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté, malgré une forte mobilisati­on au Maroc et à l’internatio­nal. «Nous demandons au roi d’intervenir afin d’éviter une catastroph­e humaine pour la liberté de la presse», a déclaré hier le secrétaire général de

Reporters sans frontières, Christophe Deloire, venu à Casablanca pour assister au procès de M. Raissouni et à celui d’un autre journalist­e, Omar Radi. Ce dernier, un reporter de 34 ans, est en détention préventive depuis près de 11 mois pour des accusation­s de «viols» et d’«espionnage» qu’il conteste. Il devait, lui aussi, comparaîtr­e hier au même tribunal, mais dans une autre salle. «Omar Radi est malade,Soulaimane Raissouni est en grave danger (...), si l’irrémédiab­le devait arriver, cela entacherai­t l’image du Maroc», a estimé M. Deloire, demandant «qu’ils soient traités équitablem­ent».

Le procès de M. Raissouni a débuté en février avec, depuis, des renvois systématiq­ues d’audience. La semaine dernière, le parquet a estimé que ces ajournemen­ts étaient liés à sa stratégie de défense, avec des reports «à sa demande pour des motifs différents, soit pour préparer sa défense, soit pour des raisons de santé». La défense, elle, met en cause «la lenteur de l’instructio­n», qui a duré près de neuf mois «sans apporter grand-chose de nouveau».

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Le procès du journalist­e a repris à Casablanca

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