Ecran total

Donc l’ARAV, que l’on croyait simple organe d’apparatchiks retraités et fonctionnaires repêchés de l’audiovisuel étatique, a le droit d’arrêter la diffusion de chaînes de télévision comme elle vient de le faire avec Al Hayat TV. On pensait cette Autorité de Régulation une vulgaire instance consultative, comme il y en a beaucoup en Algérie, sans prérogatives réelles mais avec des budgets et salaires conséquents. Mais pourquoi pas, les dérapages télévisés sont si nombreux qu’à un moment il faut bien sévir, même si la sanction soulève encore une fois le problème de l’égalité des chances à la naissance. Car cet acte d’arrêt de diffusion repose la question des rapports de pouvoir, les nombreux écarts des chaînes publiques n’ayant jamais été sanctionnés, campagnes calomnieuses, manipulations et mensonges, à l’exemple de Lakhdar Bouregâa traité d’usurpateur en direct et mort sans un mot d’excuse pour rectifier l’infamie, avec l’ARAV qui dormait ce jour-là. Comme souvent, seuls les privés payent des erreurs que les étatiques font tous les jours, dans les domaines économique, politique ou médiatique. L’ARAV a-t-elle une nouvelle mission de contrôle et de validation de contenu ? C’est possible dans l’étonnante Nouvelle Algérie, ce qui pourrait être recevable, si la loi qui devait régir toutes les chaînes offshore avait été rédigée, ce qui n’a pas été fait, malgré les vieilles et récentes promesses. Pourquoi ? Le régime a besoin des médias publics, payés avec votre argent, pour soutenir Zeroual, Bouteflika, Tebboune ou le suivant, et comme un orphelin, a aussi besoin des chaînes privées qu’elle agrée sans agréer pour des raisons de propagande politique. En fait, comme un grand solitaire craintif et insatisfait, il a besoin de tout, même de l’ARAV et de Belhimer. Ce qui est dommage, la majorité des Algériens, qui ont moins de 30 ans, ne regardent plus la télévision, ce qui reste quand même cohérent, car la majorité des dirigeants, qui ont plus de 70 ans, ne regardent plus les Algériens.