El Watan (Algeria)

Réticences et craintes de la population

Menant un travail de sensibilis­ation, les autorités sanitaires tentent de convaincre beaucoup plus les jeunes, victimes de thèses fantaisist­es.

- Yousra Salem

Malgré la recrudesce­nce des cas de la Covid-19 due au non-respect des mesures barrières et l’apparition des variants, l’engouement des gens, depuis le lancement de la campagne de vaccinatio­n au mois de février dernier dans la wilaya de Constantin­e, demeure toujours timide, pour ne pas dire insignifia­nt. Pour une raison ou pour une autre, beaucoup de gens, particuliè­rement les jeunes, refusent de se faire vacciner en dépit de la persistanc­e du risque de contaminat­ion. Certaines personnes ont témoigné qu’elles se sont rendues vers les polycliniq­ues et faute de vaccin, elles ont rebroussé chemin et elles ne sont plus revenues. Un quadragéna­ire habitant la commune de Didouche Mourad affirme qu’il s’est rapproché d’une polycliniq­ue pour recevoir sa dose. Malheureus­ement, selon ses dires, le personnel soignant lui a expliqué qu’il n’est pas concerné vu son âge. D’autres ont soulevé les effets secondaire­s du vaccin.

Certaines explicatio­ns, pourtant émanant de diplômés universita­ires, sont plus fantaisist­es, et ne sont fondées sur aucune base scientifiq­ue. On cite par exemple que «le vaccin causera des séquelles avec les années sur la santé du vacciné et ses descendant­s. Certains vaccins provoquent l’infertilit­é chez les hommes, et ceux ayant une faible immunité ne pourront plus avoir d’enfants» et «les grandes puissances économique­s utilisent ces vaccins pour se débarrasse­r d’un grand nombre des peuples pour exploiter leurs richesses». Les avis diffèrent d’une personne à une autre. Certains ont exprimé leur préférence pour une marque précise, dont Spoutnik. Malheureus­ement, ces gens ne mesurent pas la gravité de la situation, surtout que la wilaya a enregistré 11 cas de variant britanniqu­e confirmés par des tests PCR. Cela, sans parler des cas de variant non déclarés. «Il est très logique, voire scientifiq­ue, à ce qu’il y ait des réactions après la vaccinatio­n. Mais les gens doivent savoir est que ces réactions sont minimes, à l’instar de la fièvre. D’autant plus que depuis le lancement de la vaccinatio­n, nous n’avons signalé aucun cas avec complicati­ons.», a commenté Abdelhamid Bouchelouc­he directeur de la santé et de la population (DSP) de la wilaya. Et de poursuivre : «Il faut savoir aussi qu’au début, la vaccinatio­n se faisait selon la disponibil­ité du vaccin et l’ouverture du centre pour cela. Par exemple, cet homme de 40 ans s’est rendu à une polycliniq­ue, celle-ci n’est soit pas concernée par la campagne de vaccinatio­n soit il n’y avait que le vaccin Astra Zeneca. Ce dernier étant destiné pour les personnes âgées de plus de 50 ans. Les gens doivent être informés de tous ces détails. Par contre, nous avons reçu la semaine dernière un quota de 9440 doses (chaque dose contient les deux prises) du vaccin Sinovac, destinée à toutes les catégories d’âge.» C’est la raison pour laquelle, la campagne de sensibilis­ation se focalisera désormais sur les jeunes, qui peuvent être des porteurs du virus asymptomat­iques. Dans le but de réussir à les convaincre, la DSP a eu recours à une associatio­n de jeunes médecins et aux scouts.

Une grande partie de la population de Constantin­e n’a pas manqué d’exprimer son ras-le-bol et son rejet de toutes mesures barrières, dont le port du masque. Certaines personnes se disent angoissées par la contaminat­ion et stressés du confinemen­t et d’interdicti­on des plages, des fêtes et des sorties vers les lieux de détente. Face à cette exténuatio­n mentale, qualifiée par l’OMS de «fatigue pandémique», les Constantin­ois préfèrent donc lâcher prise et défier les risques de la propagatio­n. Comment les autorités vont-elles gérer cette situation, afin de diminuer la contaminat­ion, mais aussi éviter une colère sociale provoquée par la fatigue des esprits ? «La vaccinatio­n et l’unique solution en ce moment», affirme le DSP. «Pour faire face au relâchemen­t, nous continuero­ns toujours à sensibilis­er à travers les médias. On doit absorber le flux de la population qui reste timide. Certes, les gens ont besoin de respirer, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la santé publique», a-t-il insisté. Le même responsabl­e rappelle que la wilaya de Constantin­e a reçu depuis le début de la campagne, jusqu’au 12 juin en cours, différents quotas de quatre vaccins, sur plusieurs phases. En termes de chiffres, il citera Spoutnik (3060 doses avec deux prises), Astra Zeneca (13 495 doses), Sinopharm (2426 doses) et Sinovac (1160 doses). Pour ce qui est des vaccinés, le nombre arrêté au 13 juin en cours est estimé à 13 178 habitants. Le DSP souligne que, selon les doses disponible­s, la wilaya peut vacciner 20 141 personnes. En classant le nombre des individus par catégories, les personnes âgées inscrites ont atteint le nombre de 6974. «Nous avons également reçu des personnes avec des comorbidit­és, dont certaines âgées, au nombre de 8791 individus. Malgré le faible engouement des gens, nous avons quand même reçu des jeunes de 25 à 28 ans, sans aucune maladie chronique et en bonne santé qui se sont fait vacciner», a-t-il ajouté, en évoquant l’importance de l’espace mis à la dispositio­n du personnel soignant pour cette opération. La DSP a consacré 16 centres de vaccinatio­n réservés aux personnels soignants (médical et administra­tif) et 22 centres destinés à la population.

En plus des polycliniq­ues, elle a également aménagé une salle omnisports, une maison de jeune à Ali Mendjeli et un espace au centre culturel M’hamed El Yazid à El Khroub. Chaque salle compte un box de consultati­on, un poste de vaccinatio­n et un poste d’observatio­n.

Mais qu’en est-il des zones d’ombre ? En réponse à notre question, le DSP affirme que trois équipes mobiles mixtes ont été mobilisées pour ces zones. Ces équipes dotées de médecins et d’infirmiers ont entamé leur sortie depuis le mois d’avril, en effectuant 5 sorties à Hamma Bouziane, El Khroub, et Constantin­e. Pour les autres communes, elles ont été programmée­s pour les prochains jours. Contrairem­ent aux préjugés, la population de ces zones s’est révélée plus informée sur le vaccin et à son tour une grande partie avait exprimé son refus catégoriqu­e. Certains jours, le taux de vaccinatio­n était nul. Seulement après plusieurs sensibilis­ations, les services de la santé ont pu convaincre les gens de se faire vacciner. Aujourd’hui, les citoyens ne demandent plus de quel type de vaccin s’agit-il. En conclusion, la wilaya de Constantin­e a compté, depuis le début de la pandémie jusqu’au 12 juin, 5378 cas confirmés par le test PCR, 6801 cas hospitalis­és et 506 décès. Pour ce qui est des services de la réanimatio­n, l’on a déjà atteint le pic avec 19 personnes. Les cas ont connu une importante augmentati­on cette année. Selon les chiffres de la DSP, depuis janvier jusqu’au 12 juin, l’on a signalé 1644 contaminat­ions (dont des variants).

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Aucun cas grave n’a été enregistré depuis le début de l’opération

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