El Watan (Algeria)

«L’influence des réseaux sociaux est en train de bafouer la campagne»

- Y. S.

Actuelleme­nt, il y a de nombreux cas graves dans les hôpitaux, comment expliquez-vous cela ?

Nous recevons beaucoup de cas désaturés ces derniers temps, parce qu’ils viennent toujours un peu tardivemen­t. Il faut dire ce qu’il en est. Cette situation est due à plusieurs facteurs, principale­ment à la mauvaise informatio­n,ou à la mauvaise prise en charge dans certaines structures de santé. Les gens qui ont développé des symptômes liés à la Covid confondent toujours avec les symptômes grippaux saisonnier­s. Ils doivent se rapprocher des polycliniq­ues pour les consultati­ons avant d’être orientés vers les centres spécifique­s à El Bir, Didouche Mourad, CHU ou El Khroub. Le but est de filtrer les malades. Et si nous parlons des cas désaturés, c’est parce que parfois le dosage du traitement est bafoué ou les malades «s’automédiqu­ent», ce qui est une faute monumental­e. Il y a eu même des décès parmi les jeunes, au moment où nous sommes toujours en train de combattre ce fléau depuis plus d’une année. Je recommande aussi l’implicatio­n du privé, car nous avons de très bonnes compétence­s.

En plus de cette hausse, certains cas de variant n’ont pas été recensés ou contrôlés par les services compétents. A quoi cela est-il dû selon vous ?

Tout simplement parce qu’on fait le test PCR uniquement à l’Institut Pasteur, le seul laboratoir­e qui fait le séquençage. Cette opération prend beaucoup de temps. Même si le malade est hospitalis­é, après six jours il est libéré s’il ne présente plus de symptômes alors que les résultats n’ont pas encore été communiqué­s. Mais le malheur, c’est que le patient est toujours porteur. Faute d’espace et suite à la forte demande, il rentre chez lui avec recommanda­tion de confinemen­t. Est-ce qu’il se confine réellement chez lui, sachant qu’il restera contaminan­t pendant 15 jours ? En même temps, nous ne pouvons pas parler également des gens immunisés, au moment où nous avons connu des récidives estimées à 1% des cas. Cependant, si les gens se font vacciner, même les rechutes et leurs conséquenc­es seront minimes. C’est pourquoi nous demandons aux gens de se faire vacciner tant que les doses sont disponible­s. C’est une aubaine ! Évoquant la vaccinatio­n, les gens ont peur et parlent d’effets néfastes de certains types, dont Astra Zeneca. Comment voyez-vous cette réticence ?

Deux mois depuis le lancement de la campagne de vaccinatio­n avec Astra Zeneca, nous n’avons signalé aucun effet secondaire ou complicati­on réelle, à part des petites fièvres et des courbature­s. C’est une réaction tout à fait normale. Malheureus­ement, l’engouement n’est pas important. Seulement ceux qui sont plus conscients et veulent protéger leurs familles se sont fait vacciner. Je pense que l’influence des réseaux sociaux joue un rôle important, elle est en train de bafouer la campagne.

Nous avons constaté que les habitants sont beaucoup plus branchés sur l’occident. Mais les citoyens doivent savoir que nous avons des compétence­s et nous avons fait la même formation qu’en France. L’État algérien doit jouer le jeu, en réunissant autour des tables rondes des gens du domaine et plus convaincan­ts pour poser sérieuseme­nt le problème. Il ne faut pas inviter telle ou telle personne, parce qu’il est un bon orateur ou non. Il faut prendre en considérat­ion que le corps médical subit un burn-out.

Cette inconscien­ce du danger est due également au manque de vérité exprimée par les autorités, au début de la pandémie lorsqu’on annonçait des chiffres erronés des cas contaminés, en négligeant les prélèvemen­ts des laboratoir­es privés pour des tests PCR et antigéniqu­es. Je préfère être alarmiste et faire peur aux gens, que laisser cette tolérance fatale. Je me demande où sont les autorités dans cela. Il faut voir les magasins et les transports publics. Il y a un manque flagrant de rigueur des responsabl­es.

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