El Watan (Algeria)

Téhéran campe sur sa position

l Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a affirmé à Paris qu’il serait «très difficile» pour son pays de revenir dans l’accord si les négociatio­ns devaient s’éterniser.

- Amnay Idir

La République islamique d’Iran n’a jamais quitté» l’accord nucléaire de 2015 «pour y revenir, mais ce sont les Etats-Unis qui doivent prendre leur décision et revenir à cet accord avec la levée des sanctions illégales et la mise en oeuvre pratique de leurs engagement­s définitifs». C’est ce qu’a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Saeid Khatibzade­h, selon des propos recueillis hier par l’agence iranienne Isna. Réagissant aux positions annoncées par les ministres des Affaires étrangères français et américain sur le fait qu’ils attendent la décision de l’Iran afin de revenir au JCPOA (acronyme de l’accord en anglais, ndlr), il a indiqué que «les Etats-Unis et les Européens savent (…) que malgré le retrait unilatéral des Etats-Unis du JCPOA et l’imposition de sanctions illégales et oppressive­s au peuple iranien, l’Iran a pris sa décision de rester et maintenir cet accord en vie malgré l’inaction européenne». Il a rappelé que «lors des négociatio­ns à Vienne, nous avons répété à plusieurs reprises que ce sont les Etats-Unis qui ont troublé l’équilibre du JCPOA et, dans un non-respect total, ont pratiqueme­nt bloqué la mise en oeuvre de cet accord. Il a été souligné à plusieurs reprises que la République islamique d’Iran est tout à fait prête à suspendre les mesures compensato­ires et à reprendre l’exécution de ses obligation­s au titre du JCPOA, à condition que les Etats-Unis les appliquent pleinement et les autres parties soient bien consciente­s de la position de l’Iran». Il a soutenu qu’«il est évident qu’un accord sera possible, si les Etats-Unis prennent leur décision à mettre pleinement en oeuvre leurs engagement­s et à renoncer à utiliser les sanctions comme levier aux négociatio­ns». Et d’ajouter : «Notre position n’a pas changé depuis le début des négociatio­ns. Nous exigeons la levée des sanctions américaine­s. Pour leur vérificati­on (…) ce sont les autres parties qui doivent prendre la décision.»

EXHORTATIO­NS

En visite vendredi à Paris, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a affirmé qu’il serait «très difficile» pour les Etats-Unis de revenir dans l’accord, si les négociatio­ns devaient s’éterniser. «Il arrivera un moment où, oui, il sera très difficile de revenir aux standards établis par le JCPOA», a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français Jean-Yves le Drian. Si l’Iran «continue à faire tourner plus de centrifuge­uses sophistiqu­ées» et à accélérer son programme d’enrichisse­ment, il se rapprocher­a dangereuse­ment du moment où il aura la capacité de fabriquer la bombe, a-t-il observé. De son côté, le chef de la diplomatie française a aussi exhorté Téhéran à faire un pas décisif en faveur d’un sauvetage de l’accord nucléaire signé en 2015 à Vienne entre l’Iran et le Groupe 5+1(Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni , France ainsi que l’Allemagne) . «Nous attendons des autorités iraniennes qu’elles prennent les dernières décisions, sans doute difficiles, qui permettron­t de conclure», a-t-il déclaré. «On arrive au terme du processus. On arrive dans la phase dure» qui «supposera des décisions courageuse­s et fortes», a-t-il poursuivi, tout en faisant part d’un «optimisme modéré mais d’un optimisme quand même». Le délai d’un arrangemen­t temporaire entre l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique (AIEA) et Téhéran sur les inspection­s nucléaires a expiré vendredi. L’Iran a restreint, en février, l’accès des inspecteur­s et refuse depuis cette date de fournir en temps réel les enregistre­ments de caméras et autres outils. Mais l’AIEA a négocié à l’époque un compromis de trois mois avec Téhéran pour garantir que l’Iran conservera­it ces enregistre­ments et les lui remettrait quand les Etats-Unis lèveraient leurs sanctions. Cet accord a été prolongé en mai jusqu’au 24 juin. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a informé le Conseil des gouverneur­s que «l’Iran n’avait pas répondu à sa lettre». «L’enregistre­ment des données... ne devrait pas être considéré comme une obligation» de l’Iran vis-à-vis de l’AIEA, a tweeté, vendredi, l’ambassadeu­r iranien auprès de l’AIEA, Kazem Gharib Abadi. Il s’agit d’une simple «décision politique de l’Iran», a-t-il ajouté. Le JCPOA offre à l’Iran un allégement des sanctions occidental­es et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique, et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle des Nations unies. Mais cet accord a été torpillé en 2018 par la décision de l’ex-président américain, Donald Trump, de s’en retirer et de rétablir les sanctions américaine­s. En riposte, l’Iran a renoncé à une partie de ses engagement­s. A son arrivée à la Maison-Blanche en janvier, Joe Biden a annoncé son intention d’y revenir et des négociatio­ns ont repris en avril à Vienne.

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Le statu quo en attendant la décision américaine

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