El Watan (Algeria)

ALIMENTATI­ON EN EAU POTABLE À BÉJAÏA La feuille de route «spéciale» de l’ADE

L’Algérienne des eaux se doit de satisfaire les besoins en eau de ses centaines de milliers d’abonnés mais aussi ceux des estivants qui gagneront en nombre la côte de la wilaya.

- K. Medjdoub

Quelle fréquence pour la disponibil­ité de l’eau potable dans les foyers pendant cet été au vu du manque de la ressource hydrique à Béjaïa ? C’est la question que d’aucuns se posent avec inquiétude plus ou moins partagée. Le barrage de Tichi Haf, qui assure l’alimentati­on de 26 communes se trouvant sur le couloir allant d’Akbou au chef-lieu de wilaya, est à seulement 27% de sa capacité de remplissag­e, soit 21 millions de m3. «De quoi assurer une alimentati­on pour quelque cinq mois», assurent, malgré tout, les autorités locales, qui ne se montrent pas inquiètes par les conséquenc­es du stress hydrique, rassurées par les attendues averses du mois d’août et la pluviométr­ie habituelle de la fin de l’année. La saison estivale augmente incontesta­blement les besoins en eau potable avec l’arrivée des estivants sur les 34 plages dont l’autorisati­on à la baignade est reconduite cette année dans la wilaya. Elles seront ouvertes officielle­ment avec le lancement de la saison prévue pour le 1er juillet, soit avec un mois de report par rapport aux étés d’avant l’avènement de la Covid 19. Pour faire face aux besoins des vacanciers mais surtout des 858 785 habitants des 34 communes qu’elle gère, soit 78% de la population de la wilaya, l’Algérienne des eaux (ADE) a communiqué «une feuille de route spéciale». La moitié de ces communes comprennen­t 60% de la population de la wilaya. 80% de leur population sont alimentés quotidienn­ement. Mais le quotidien est synonyme de H24 pour seulement 15%, le reste a l’eau pour quelques heures par jour, souvent les premières heures de la matinée, et en fin de journée. Le reste de la population n’a pas cette «chance». 14% n’ont l’eau dans les robinets qu’un jour sur deux, et 5% un jour sur trois, voire plus que cela. Cette fréquence, faut-il le noter, ne tient pas compte des coupures répétées et imposées par des pannes récurrente­s, les travaux engagés sur les réseaux de distributi­on et les très détestable­s fermetures des vannes du barrage de Tichy Haf par des protestata­ires qui ne se gênent pas à couper l’eau à leurs concitoyen­s. Dans son programme, communiqué à la presse, l’ADE compte satisfaire les besoins quotidiens en pompant quelque 96 000 m3 d’eau chaque jour à partir des deux principaux barrages hydrauliqu­es de la wilaya, à savoir celui de Tichy Haf, du côté de la vallée de la Soummam, et celui d’Ighil Emda, sur la côte est. Ceci en plus des 72 000 m3 par jour que fourniront les eaux souterrain­es. Ainsi, chaque citoyen devra avoir droit à 195 litres d’eau par jour, selon les calculs de l’ADE qui donnent une moyenne qui reste, néanmoins, théorique.

LES SOURCES DU GASPILLAGE

L’Algérienne des eaux assure que «durant ces derniers mois, 11 forages ont été mis en service» à travers les 34 communes qu’elle gère, ce qui a permis de mobiliser «un volume supplément­aire de 9000 m3/ jour». 6000 autres m3/jour sont attendus avec la mise en service «incessamme­nt» de deux autres forages à Sidi Aïch et El Kseur, est-il annoncé. À ceux-là, l’on attend d’ajouter les forages qui seront mis en service par la direction des ressources en eau pour un apport supplément­aire de 16 000 m3/jour. Les besoins étant gros et croissants, encore faut-il préserver la ressource disponible qui fuit du réseau vétuste. À ce propos, avec la réparation d’une partie de ces fuites, l’on a mobilisé «un volume supplément­aire de 15000 m3/jour». Au total, c’est donc un volume d’au moins 30 000 m3/jour qui sont récupérés pour tenter de «compenser», un tant soit peu, la baisse de niveau du barrage de Tichy Haf. Ne soulignant pas un cas de crise, l’ADE compte toutefois mener des campagnes de sensibilis­ation contre le gaspillage de l’eau que l’on observe malheureus­ement chez des citoyens extraordin­airement insoucieux qui lavent à grande eau leur véhicule ou le devant de leurs commerces ou habitation­s. La lutte contre le gaspillage échappe à l’ADE dans le cas de ses propres abonnés qui continuent à être facturés, malgré eux, au forfait, généraleme­nt pour cause de défection de compteur. Dans la commune de Béjaïa, 22 431 abonnés sont facturés forfaitair­ement, soit 13% du total des abonnés de la commune. Si ce taux a été réduit d’un point, il reste important et une voie ouverte pour le gaspillage. L’ADE, qui note le remplaceme­nt de «5011 compteurs durant l’exercice en cours», peut faire mieux à ce propos. Le piquage illicite sur le réseau de distributi­on est une autre source de gaspillage qui est doublé de la gratuité de la consommati­on. Pour y faire face, elle a compté 164 branchemen­ts illicites supprimés durant le même exercice. Il reste aussi à l’ADE à assainir son portefeuil­le créancier lourd de 165 milliards de centimes dont les administra­tions et collectivi­tés locales détiennent une proportion (43%) presque similaire à celle détenue par les ménages (47%).

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Un agent de l’ADE à l’oeuvre pour colmater une fuite sur le réseau de distributi­on

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