Une agglomération sous-classée
La localité, qui compte 30 000 habitants, attend la mise en place d’un plan d’exploitation de ses atouts prometteurs.
Ses habitants – ceux des mechtas limitrophes incluses – dépassent les 30 000 âmes, pourtant elle n’a pu jouir ni du statut d’une commune ni de celui d’une agglomération à fortes spécificités par rapport à la commune mère : Mechroha. En période de campagne électorale, sa population est quotidiennement courtisée, ses aînés sont placés au-devant des cortèges et ses hameaux les plus éloignés sont visités en grande pompe et fanfare.
Dépassé le rendez-vous électoral, les visiteurs d’hier rentrent dans leurs contrées d’origine et ceux qui, par voie des urnes, réussissent ascension et prébendes, déchantent aux promesses et n’y reviennent qu’en fin de mandat d’élus. Aïn Seynour attend la mise en place d’un plan d’exploitation de ses atouts, ô combien, prometteurs. Elle assure, avec les autres localités relevant de la comme de Mechroha, une production annuelle de 5 000 q de liège des plus prisés dans le marché mondial et fait partie du premier bassin laitier de la wilaya. «L’élevage bovin et la promotion de la production du liège sont capables de créer des centaines de postes d’emploi temporaires et permanents et transformer cette partie de la wilaya en pôle d’attraction pour d’hypothétiques investisseurs», a lancé une universitaire, économiste de formation. Ses propos sont fortement confortés par d’autres habitants de cette importante agglomération située à mi-chemin entre Mechroha et Souk Ahras et traversée par la RN 16. «Vous devez savoir que le liège de notre région est utilisé dans des industries stratégiques outre-mer et que cette richesse naturelle est aussi rentable que les métaux de valeur. Aux premières années de la révolution et au moment même où un grand besoin en fonds était ressenti, les moudjahidine ont réussi grâce à l’argent du liège à acheter une quantité importante de vivres et de munitions», a rapporté un habitant de la région.
Ses sites touristiques, ses lacs, ses cours d’eau, la diversité de sa faune et de sa flore sont encore sous-exploités et sa deuxième route bitumée qui mène vers le lieudit Tallal est affaissée. Sur la partie boisée, les constructions illicites sont un phénomène vécu comme une fatalité et l’irréversible avancée du béton a défiguré la forêt. «Tout commence par la destruction des arbres et l’installation des baraques qui se transforment, aussitôt, en propriétés privées ensuite c’est l’impunité qui provoque un effet d’entraînement pour finir en situation de fait accompli. Les complicités sont cernées et les auteurs de ces atteintes à la propriété de l’État sont connus de tous», a dénoncé Abderrezak H., un habitant d’Ain Seynour. Au coeur de la cité prolifèrent les commerçants ambulants et les étals de fortune ; les quelques espaces restants sont transformés en aires de stationnement et la circulation routière devient contraignante durant les heures de pointe. Côté aménagement, les insuffisances sont visibles sans effort et les rares voies d’accès vers les quartiers résidentiels naissants sont obstruées par les immondices et les matériaux de construction.
Les eaux stagnantes l’hiver donnent depuis peu des marécages aux odeurs nauséabondes et les routes poussiéreuses et sans entretien achèvent le reste du décor. L’absence de l’éclairage public dans certains endroits à risques, la prolifération des vols et autres fléaux sociaux, le chômage, le manque de structures de jeunes et de loisirs et la gestion de la mosquée par des volontaires au lieu des fonctionnaires de la direction des affaires religieuses sont autant de problèmes soulevés par les citoyens.