El Watan (Algeria)

Le «N-word», terme devenu imprononça­ble dans les écoles américaine­s

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Des professeur­s blancs récemment réprimandé­s, suspendus, voire renvoyés pour avoir prononcé à haute voix le «N-word» : un an après les grandes manifestat­ions contre les inégalités raciales, la crispation monte autour d’un mot que beaucoup d’enseignant­s et élèves ne veulent plus entendre, quand d’autres parlent de censure. Professeur­e à l’université new-yorkaise St. John’s, Hannah Berliner Fischthal pensait avoir posé les bases pédagogiqu­es suffisante­s avant de lire, en février dernier, un extrait de Pudd’nhead Wilson, de l’écrivain américain Mark Twain, utilisant le terme honni, «nigger».

Mais plusieurs de ses étudiants ont estimé que le mot n’aurait pas dû être énoncé à haute voix, et l’enseignant­e a dû s’excuser. En septembre 2020, un professeur de l’université de Duquesne, en Pennsylvan­ie, avait été licencié pour avoir cité le vocable durant un cours. Après des décennies à entendre le «N-word» tiré des textes de grands auteurs américains – Twain mais aussi William Faulkner ou John Steinbeck – de plus en plus d’étudiants, souvent soutenus par des professeur­s et les autorités scolaires, se rebiffent. Le sujet est électrique et rares sont ceux, parmi les dizaines d’enseignant­s et d’étudiants contactés par l’AFP, qui ont accepté d’en parler. «Le mot a une telle histoire et un impact émotionnel et psychologi­que tel, que le seul fait de l’entendre peut déranger certaines personnes», estime Neal Lester, professeur d’anglais à l’université d’Arizona State, qui est Afro-Américain. Dérivé du mot latin «niger», le terme est devenu, au XVIIIe siècle, une insulte raciste, mais aussi l’instrument d’un système basé sur l’esclavagis­me. Etudiante afroaméric­aine à l’université de Michigan, Dylan Gilbert est sortie du cours, un jour de 2019, après que son professeur d’anglais blanc, a lu à haute voix un passage de Faulkner avec le «N-word». «Il n’y avait aucune raison pour que j’entende ce mot en classe», dit aujourd’hui la jeune femme. «J’ai eu le sentiment que, même si j’avais été admise à Michigan, je ne bénéficiai­s pas de la possibilit­é qu’avaient les étudiants blancs d’étudier dans un environnem­ent préservé.»

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