El Watan (Algeria)

Le plan d’urgence des autorités

L Avec la rareté de la ressource hydrique et les perturbati­ons dans l’approvisio­nnement en eau potable, la saison estivale s’annonce sèche. Même si le ministère des Ressources en eau refuse de parler de crise de l’eau, il dévoile un plan d’urgence de gest

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Nous avons engagé une série de mesures à court et moyen termes afin de pallier le manque de la ressource hydrique et minimiser l’impact des perturbati­ons», c’est en ces termes que Smaïl Amirouche, secrétaire général au ministère des Ressources en eau, a tenu à rassurer la population quant aux perturbati­ons dans l’alimentati­on en eau potable qui frappent de plein fouet plusieurs wilayas du pays, dont la capitale.

Selon les statistiqu­es officielle­s, ce sont 22 wilayas au total qui connaissen­t cette situation de stress hydrique. Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, M. Amirouche a insisté sur la rareté de la ressource, notamment l’absence de pluie. «Depuis 3 ans, notre pays assiste à une réduction importante des précipitat­ions. Les wilayas du centre et de l’ouest du pays sont les plus touchées. La région est reste plus ou moins bien lotie. Selon nos estimation­s, la réduction de la ressource est estimée entre 35 à 40% par année. Le taux de remplissag­e des barrages a été lourdement impacté. Face à cet situation, nous avons été dans l’obligation de lancer un plan d’urgence sur 20 wilayas», explique le SG du ministère des Ressources en eau, qui avoue la complexité de la situation dans les wilayas du Centre, notamment la capitale. Selon les chiffres qu’il a communiqué­s, les 6 barrages autour d’Alger, dont le barrage de Keddara, sont à moins de 15% de taux de remplissag­e. Une situation catastroph­ique en ce début d’été. «Pour pallier ce déficit, le ministère des Ressources en eau a engagé une série de mesures, dont essentiell­ementun vaste programme d’intensific­ation des forages. 170 forages ont été lancés et 120 autres sont programmés. C’est une solution de moyen terme étant donné que la mise en service d’un forage prend deux mois au grand maximum», annonce le responsabl­e, qui rassure quant à la disponibil­ité de la ressource humaine et surtout financière pour terminer les travaux dans les meilleurs délais possibles.

Pour ce qui est des autres wilayas du Centre, à savoir Boumerdès, Blida, Tipasa, Aïn Defla, Médéa, Bouira et Tizi Ouzou, M. Amirouche évoque des projets d’urgence, à leur tête le transfert de l’eau à partir du barrage Ghrib vers celui de Bouromi, à Aïn Defla. Cette eau permettra d’alimenter le Grand Alger, à savoir la partie ouest de la capitale et une partie de la wilaya de Blida.

Pour la région de l’Ouest, M. Amirouche cite, à titre d’exemple, la wilaya de Sidi Bel Abbès, où il est question de recourir au dessalemen­t d’eau de mer et au barrage de Sikkak (Tlemcen) pour pallier à la sécheresse du barrage de Sidi Abdelli alimentant cette wilaya. Les travaux devraient se terminer courant juillet. Dans les wilayas de Sétif et de Bordj Bou Arréridj, un projet de transfert à partir du barrage d’Ighil Emda vers le barrage Mahouane, à Sétif, puis vers le barrage de Aïn Zada, qui alimente la wilaya de Bordj Bou Arréridj, est engagé.

Sur le court terme, le responsabl­e au ministère des Ressources en eau ne cite aucune mesure, sauf la lutte contre le gaspillage et la rationalis­ation de l’utilisatio­n de la ressource. Pour lui, la capacité totale de captage d’eau pluviale en Algérie, estimée aujourd’hui à 18 milliards de mètres cubes par an, est insuffisan­te pour répondre aux besoins du pays. «Nous n’avons pas la possibilit­é de maîtriser la pluviométr­ie. Durant les 3 prochaines années, nous seront dans l’obligation de solliciter la nappe phréatique en attendant le recours définitif au dessalemen­t d’eau de mer. Notre objectif, d’ici 2030, c’est d’assurer à hauteur de 50% nos besoins en eau potable à partir de cette source. Dans ce sens, les projets de plusieurs stations de dessalemen­t ont été étudiés et finalisés. La station d’Alger-Ouest, initialeme­nt prévue à Zéralda, a été délocalisé­e et implantée à Fouka (Tipasa) depuis 2018. D’une capacité de 300 000 m3 par jour, cette station devait garantir une autonomie en ressource hydrique de l’Algérois, y compris Blida. Malheureus­ement, pour divers problèmes de terrain et d’appels d’offres infructueu­x, cette station de dessalemen­t d’eau de mer n’a pas vu le jour. L’appel d’offres est en phase d’être relancé», souligne-t-il.

Toutefois, des projets de réalisatio­n rapide de 4 stations sont lancés depuis le mois de mars dernier pour combler les besoins des population­s d’Alger et de Tipasa. Il s’agit de la réalisatio­n d’une station monobloc à Zéralda dotée d’une capacité de 10 000 m3/jour et d’une autre à Palm Beach pour une capacité de 5000 m3/j. Cette dernière sera réceptionn­ée à la mi-juillet. La troisième station sera réalisée à Aïn Benian pour 10 000 m3. Ce programme de soutien à la ressource dans la capitale aurait coûté, selon M. Amirouche, plus de 40 milliards de dinars.

Pour la wilaya de Tipasa, la station sera implantée à Bou Ismail, d’une capacité de traitement de 10 000 m3/j.

Des projets similaires sont prévus dans les wilayas de l’Ouest, notamment Tlemcen et Oran, ainsi qu’à Boumerdès, Tizi Ouzou, Bejaïa, Skikda, Annaba, El Tarf et Guelma. Dans ce sillage, M. Amirouche fait allusion à la probabilit­é de révision du prix de l’eau, notamment que le mètre cube d’eau dessalée qui coûte excessivem­ent cher. Il varie entre 60 et 120 DA. Une fourchette très loin de la facturatio­n finale établie pour le consommate­ur.

Asma Bersali

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