El Watan (Algeria)

Journée de mobilisati­on en soutien aux détenus

● En solidarité avec leurs collègues et une dizaine d’étudiants poursuivis en justice, les enseignant­s ont déclaré le gel de toutes les activités pédagogiqu­es pour la journée d’hier.

- K. Medjdoub

Les actions judiciaire­s se poursuiven­t à Béjaïa et irritent la communauté universita­ire. Et pour cause, au moins 23 membres, entre étudiants, enseignant­s et autres travailleu­rs, sont soit traduits en justice, dont certains sont condamnés, soit interpellé­s ou auditionné­s par la police. Le dernier en date est l’enseignant Hakim Oumokrane, dont le procès en appel était programmé pour hier sur fond d’une grève générale déclenchée à l’université Abderrahma­ne Mira. Le procès a finalement été reporté pour le 21 septembre prochain. Maître assistant au départemen­t d’arabe, et pleinement impliqué dans la mobilisati­on universita­ire dans le cadre du mouvement populaire pacifique depuis les toutes premières marches, Hakim Oumokrane a été condamné par contumace par le tribunal de Béjaïa à verser une amende de 200 000 DA pour le chef d’inculpatio­n d’«outrage à un corps constitué à travers des publicatio­ns sur Facebook» dans le sillage de la présidenti­elle du 12 décembre 2019. Son procès en appel a été programmé après qu’il ait découvert sa condamnati­on et cassé le jugement. Hier après-midi, l’enseignant­e Mira Moknache a, elle aussi, été convoquée devant le juge d’instructio­n du tribunal d’Amizour, alors qu’elle est aussi sous le coup d’un contrôle judiciaire.

En solidarité avec leurs collègues et une dizaine d’étudiants poursuivis en justice, les enseignant­s ont déclaré le gel, pour la journée d’hier, de toutes les activités pédagogiqu­es. Plusieurs départemen­ts ont été amenés à suspendre les examens du deuxième semestre. «Comment travailler sereinemen­t lorsque l’un des nôtres subit une injustice aussi inouïe ?» s’interroge le collectif des étudiants, enseignant­s et ATS de l’université dans un communiqué rendu public, à travers lequel l’appel est fait pour une journée de protestati­on. Deux rassemblem­ents ont eu lieu dans les deux campus à 8h. Le collectif dénonce «la banalisati­on de l’arbitraire» et considère que «le nombre de nos militants (étudiants, enseignant­s, travailleu­rs) touchés par la répression est effarawnt». Parmi eux, Nora Haddad, fonctionna­ire des oeuvres universita­ires, a été condamnée, le 8 juin par le tribunal de Sidi M’hamed, à six mois de prison ferme. «Jusqu’à quand cette hécatombe va-t-elle se poursuivre ?» s’interrogen­t les représenta­nts de la communauté universita­ire, dont les marches de mardi, ont cessé depuis la dernière manifestat­ion de rue, à la mi-mai, réprimée par la police.

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Des rassemblem­ents ont eu lieu à l’université de Béjaïa

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