Une première expérience de collaboration en Algérie
● L’EHS de psychiatrie de Chéraga et le Centre intermédiaire de soins en addictologie de Fouka (Tipasa) ont signé une convention de collaboration (référence et contre-référence) en matière de prise en charge des addictions et principalement le programme m
Une première expérience de collaboration (référence et contre référence) a été entreprise entre le service de psychiatrie et d’addictologie de l’EHS Mahfoud Boucebci de Cheraga et le Centre intermédiaire de soins en addictologie de Fouka (EPSP de Bou Ismail, Tipasa), en matière de prise en charge des addictions et principalement le programme méthadone. Ce partenariat médical pourra servir de modèle de référence à l’échelle nationale dans la prise en charge et la prévention de la toxicomanie, ont estimé des professionnels du secteur, lors d’une rencontre scientifique organisée avant-hier à Tipasa, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la toxicomanie. Le système de référence établit un lien opérationnel entre deux niveaux de santé. La référence consiste à envoyer un patient d’un niveau inférieur au supérieur. La contre-référence envoie le patient du supérieur à l’inférieur. En Algérie, ce dispositif n’est pas suffisamment exploité, a relevé Abdelkrim Messaoudi, professeur en psychiatrie et directeur de l’Etablissement hospitalier spécialisé en psychiatrie (EHS) Mahfoud Boucebci de Chéraga. «Le potentiel du système de référence et contre-référence n’est pas suffisamment exploité en Algérie. Certaines expériences ont déjà donné des résultats satisfaisants dans quelques disciplines. Une meilleure organisation de la référence et de la contre-référence entre les centres de santé, conduira à l’amélioration de la continuité et la qualité des soins (mutualiser les efforts, une meilleure efficacité, prioriser les soins en ambulatoire et diminuer le nombre et le coût des hospitalisations)», a estimé le même intervenant.
Détaillant ce concept de prise en charge médicale très développé à l’étranger, le Pr Messaoudi a indiqué : «La référence est le mécanisme par lequel une formation sanitaire oriente un cas qui qui dépasse ses compétences vers une structure plus adaptée et mieux équipée». Le système de référence est un ensemble de dispositions prises pour permettre d’adresser un malade d’un échelon inférieur à un échelon supérieur ayant plus de compétence pour lui assurer une meilleure prise en charge, soutient-il. S’agissant de la démarche inverse (contre-référence), celle-ci est destinée à assurer la suite de la prise en charge et le suivi post-hospitalier, explique ce professeur en psychiatrie. «Un prestataire d’un niveau moindre envoie son patient vers le niveau plus élevé dans le but d’une meilleure prise en charge du malade, car soit son plateau technique est inadéquat, soit les compétences et les connaissances mêmes du prestataire sont insuffisantes pour diagnostiquer et/ou guérir le malade. Le prestataire prend donc conscience de ses limites techniques et scientifiques.» Pour le Pr Messaoudi, la référence va clairement dans un sens avantageux et positif pour le patient ; celui-ci bénéficie là d’une meilleure prise en charge, donc accroît ses chances de guérison. Une fois guéri, le patient est prié de retourner au centre qui l’a référé pour assurer son suivi, et pour une éventuelle suite du traitement, a-t-il fait savoir. «La contre-référence a ses avantages tant pour le patient que pour le personnel soignant. Premièrement, elle assure une bonne communication entre les différents niveaux sanitaires. La contre-référence est pour le soignant un type de formation continue ; ce dernier peut prendre connaissance du réel diagnostic de la maladie, des causes et du traitement prescrit.» Le directeur de l’EHS de Chéraga plaide, par ailleurs, pour un travail de proximité afin de lutter contre les addictions. «L’organisation du système de référence et contre-référence est une des pièces maîtresses de la lutte contre les addictions, les expériences mondiales de collaboration référence/contre-référence, ont prouvé leur efficacité dans toutes les disciplines médicales. L’interaction et la coordination entre les différentes formations sanitaires sont un élément clé», conclut-il.