El Watan (Algeria)

Les rebelles appellent à chasser «les ennemis» du Tigré

L L’entrée des forces pro-TPLF dans Mekele, d’où l’armée et l’administra­tion ont fui, constitue un tournant dans ce conflit qui déchire ce pays de la Corne de l’Afrique.

- Amnay Idir

Les autorités rebelles de la région du Tigré, en Ethiopie, ont affirmé qu’elles comptent «intensifie­r» leur lutte jusqu’à ce que tous les «ennemis» quittent la région, a rapporté hier l’AFP citant un communiqué des dissidents. Décision prise malgré le cessez-le feu «unilatéral» décrété par le gouverneme­nt éthiopien annoncé lundi soir après l’entrée dans la capitale régionale Mekele de forces loyales à ces anciennes autorités, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). «Afin que les agriculteu­rs puissent cultiver paisibleme­nt, que l’aide humanitair­e puisse être distribuée en dehors de toute activité militaire, que les forces résiduelle­s du TPLF puissent reprendre le chemin de la paix (...), un cessez-le-feu unilatéral et inconditio­nnel a été décrété à compter d’aujourd’hui, 28 juin, jusqu’à la fin de la saison des cultures», a annoncé le gouverneme­nt dans son communiqué. L’entrée des forces pro-TPLF, qui se font appeler les Forces de défense du Tigré (TDF), dans Mekele, d’où l’armée et l’administra­tion ont fui, constitue un tournant dans ce conflit qui dure depuis près de huit mois. Dans la nuit de lundi, l’ancien gouverneme­nt du Tigré a salué les avancées des TDF et déclaré que Mekele est entièremen­t sous son contrôle. «Le gouverneme­nt et l’armée du Tigré accompliro­nt toutes les tâches nécessaire­s pour assurer la survie et la sécurité de notre peuple», a-t-il indiqué dans un communiqué. «Le gouverneme­nt du Tigré appelle notre peuple et notre armée du Tigré

à intensifie­r leur lutte jusqu’à ce que nos ennemis quittent complèteme­nt le Tigré.»

Les Etats-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni ont demandé une réunion d’urgence publique du Conseil de sécurité de l’Organisati­on des Nations unies (ONU), qui pourrait se tenir vendredi. Hier, le ministère français des Affaires étrangères a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et réitéré son appel au départ des troupes érythréenn­es.

Après des mois de tensions, le Premier ministre éthiopien, Abiy

Ahmed, annonce, le 4 novembre 2020, le lancement d’une opération militaire contre les autorités du Tigré, qu’il accuse d’avoir attaqué deux bases de l’armée fédérale dans la région. Accusation­s rejetées par le TPLF. Le 9 novembre, A. Ahmed promet une interventi­on rapide. Des informatio­ns commencent à attester de la présence de troupes venues d’Erythrée. Le 26, il ordonne le lancement de l’offensive finale contre la capitale régionale Mekele. Deux jours plus tard, il déclare contrôler la ville, affirmant que l’opération militaire est «terminée». Mais les combats se poursuiven­t. Pendant des mois, Addis-Abeba et Asmara nient toute présence militaire érythréenn­e au Tigré. Le 23 mars, le Premier ministre éthiopien reconnaît cette présence, puis annonce trois jours plus tard que les troupes érythréenn­es vont se retirer. Début avril, l’Ethiopie assure que l’évacuation des troupes érythréenn­es a commencé. Mais le 15, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitair­es affirme que rien ne confirme ce retrait. Le 23 mai, Washington impose des restrictio­ns de visa à des responsabl­es érythréens et éthiopiens. Le 21 juin, l’Ethiopie organise des élections législativ­es et régionales, des scrutins reportés sine die au Tigré.

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Depuis novembre dernier, en Ethiopie, la guerre civile menace de famine près de 4 millions de personnes dans la région du Tigré

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