Le drapeau du petit tailleur
Le 10 février 2019, Saïd Bouteflika décidait de pousser officiellement son frère paraplégique vers un 5e mandat. Trois jours plus tard, le 13 février 2019, le jeune Brahim Laalami, 29 ans, tailleur de profession, sortait à Bordj Bou Arréridj avec une pancarte pour dénoncer ce nouveau coup de force. Le 19 février, le hirak prenait officiellement naissance à Bordj Bou Arréridj pour se répandre dans le reste du pays et chaque vendredi, comme des millions d’Algériens, Brahim Laalami sort manifester. Arrêté en novembre 2019 pour incitation à attroupement non armé, il passe 6 mois en prison et sort en avril de l’année suivante. En juin 2020, il est arrêté alors qu’il distribuait des couffins d’aide aux familles démunies et condamné à 18 mois de prison ferme ainsi que 1 million de dinars d’amende, puis à deux mois de prison en appel et entame une grève de la faim jusqu’à sa sortie de prison fin août 2020, après avoir purgé sa peine. Une semaine plus tard, il est embarqué une nouvelle fois à Bordj et passe par l’hôpital pour une intervention chirurgicale après une arrestation musclée avec des armes électriques, selon son avocat. Il est condamné à 3 ans de prison ferme et 1 million de dinars d’amende, il reste en prison encore 6 mois jusqu’à son procès en février 2021, où il écope de deux ans de prison ferme et 200 000 DA d’amende. Il est libéré sur grâce présidentielle et harcelé, intimidé, épuisé, il tente en ce début d’été 2021 de partir en Espagne avec des haraga à partir de Aïn Témouchent. Aux dernières nouvelles, il aurait été arrêté par les autorités espagnoles et remis à l’Algérie ou, selon une autre version, arrêté par les gardes-côtes algériens avant qu’il ne prenne le large. Il aurait été ensuite remis à la gendarmerie de Bordj Bou Arréridj, sa ville natale, où il sera jugé pour émigration clandestine, peut-être pour atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité maritime de la nation et au moral des poissons. On devrait tailler à ce jeune tailleur un costume d’ancien moudjahid.