Le FUD appelle à l’organisation des forces du changement
Dans un contexte de répression sans distinction des voix du hirak, dont le dernier acte est la mise sous mandat de dépôt du responsable d’un parti de l’opposition, le MDS, les enseignants universitaires militant sous la bannière du Forum des universitaires pour la démocratie (FUD), trouvent le courage pour rendre publique leur position, sur ce qu’ils qualifient de «dérive suicidaire» des tenants du pouvoir. «Les violences policières, les arrestations de militants par centaines, dont plusieurs enseignant(e)s universitaires, la qualification de terrorisme de toute voix discordante et la mobilisation de la justice transformée à l’occasion en bras de répression du régime, placent les tenants du pouvoir dans une dérive suicidaire qui consiste à s’imposer au peuple algérien contre son consentement», constatent-ils.
Dans un appel rédigé le 29 juin dernier, ce groupe d’enseignants, issu de la dynamique du hirak, considère que le pouvoir «redouble de férocité» à chaque échec politique en pensant à l’abstention massive qui a marqué les élections législatives du 12 juin. «Le boycott massif que les Algériennes et les Algériens ont opposé au troisième coup de force électoral que le pouvoir de fait vient d’imposer au pays, dans le cadre de sa feuille de route, constitue à la fois un échec absolu pour ses promoteurs et une victoire éclatante pour la révolution», est-il écrit. Convaincus que l’abstention massive est un acte politique derrière lequel se dresse le hirak, les militants du FUD estiment que «le peuple révolutionnaire oppose un formidable consensus sur les objectifs de la révolution, à savoir le recouvrement de son statut de corps politique souverain, la consolidation de l’identité nationale, notamment dans sa dimension amazighe et l’édification d’un Etat de droit respectueux des normes universelles en matière de démocratie et de modernité, de protection des libertés et de promotion des droits de l’homme». Et à contre-courant des voix défaitistes, le FUD affirme que la victoire de la révolution (le hirak) est une objectivité historique. «… Et ce ne sont pas les manipulations, au demeurant extrêmement dangereuses, car elles remettent en cause la cohésion de l’Etat-nation, exécutées par des mercenaires politiques au service d’un pouvoir affolé qui changeront le cours de l’histoire», lit-on encore dans le même document. Les universitaires engagés relèvent aussi la détermination «inébranlable» du peuple, ayant fait le choix stratégique d’une démarche pacifique, face un pouvoir qu’on dit totalement isolé, «qui, pour se maintenir, a érigé la violence brute comme mode de gouvernance, soumettant ainsi le pays à un processus de déliquescence qui risque de compromettre son intégrité sociétale et territoriale». Partant de ce constat, les membres du Forum des universitaires pour la démocratie (FUD) annoncent leur mobilisation pour l’élaboration d’une plateforme politique à même de prendre en charge les aspirations démocratiques, progressistes et modernes du peuple révolutionnaire, écrivent-ils, et ce, «dans le cadre d’une mutualisation de toutes les énergies disponibles au sein de la révolution». Enfin, le FUD lance un appel à l’ensemble des collectifs, des réseaux, des groupes et des noyaux qui se reconnaissent dans le projet démocratique de la révolution à réfléchir ensemble à une rencontre nationale qui aura, précise-t-on, à définir un mode d’organisation plurielle dans sa structure et uni dans son fonctionnement.