El Watan (Algeria)

La Commission des droits humains appelle à protéger les civils

l Lors d’une réunion publique vendredi du Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitair­es onusien a affirmé que plus de 400 000 personnes ont «franchi le seuil de la malnutriti­on» dans la région et 1,8 mil

- R. I.

La Commission éthiopienn­e des droits humains (EHRC) a appelé hier à des «mesures d’urgence» pour la protection et l’aide aux civils du Tigré, où la coupure des télécommun­ications et des accès terrestres inquiète dans cette région en guerre depuis huit mois, rapporte l’AFP. Organisme indépendan­t mais rattaché au gouverneme­nt fédéral, l’EHRC a exprimé hier sa «profonde préoccupat­ion» sur la situation des civils au Tigré et demandé que «des mesures soient prises d’urgence pour assurer leur sûreté et leur sécurité». «La sûreté et la sécurité des civils doivent rester une priorité», a soutenu l’EHRC. Comme elle a exprimé son inquiétude concernant des informatio­ns d’organisati­ons humanitair­es selon lesquelles «la coupure des services d’électricit­é, de télécommun­ications et d’approvisio­nnement en eau dans plusieurs zones de la région met à rude épreuve les conditions de vie dans la région, qui sont aggravées par l’accès limité aux services de santé et la perturbati­on des services bancaires».

Comme de nombreux pays et l’Organisati­on des Nations unies (ONU) les jours précédents, l’EHRC a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu que le gouverneme­nt fédéral éthiopien dit avoir décrété pour permettre la distributi­on d’aide humanitair­e et le travail des cultures. Si le gouverneme­nt tigréen d’avantguerr­e a appelé à «intensifie­r» la lutte et chasser tous les «ennemis» de la région, il a assuré vendredi soutenir l’ONU et les organisati­ons «travaillan­t à fournir une assistance vitale» aux Tigréens, se disant «déterminé à faciliter l’accès humanitair­e». L’EHRC a indiqué, par ailleurs, surveiller des informatio­ns faisant état «d’arrestatio­ns d’employés de médias et d’habitants d’origine tigréenne soupçonnés d’être liés à la situation actuelle dans la région», pointant un «risque de profilage ethnique».

Vendredi, lors d’une réunion publique du Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitair­es onusien a affirmé que plus de 400 000 personnes ont «franchi le seuil de la malnutriti­on» dans la région et 1,8 million de personnes supplément­aires «sont au bord de la famine». «Nous devons les atteindre maintenant. Pas la semaine prochaine. Maintenant», a-t-il déclaré. Les civils paient un lourd tribut dans ce conflit, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les population­s (massacres, viols, déplacemen­ts de population, entre autres).

Vendredi, un grand nombre de prisonnier­s de l’armée éthiopienn­e sont arrivés à Mekele, à pied et en camion.

Selon les Forces de défense du Tigré, (TDF), du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), il s’agit de plus de 7000 soldats éthiopiens qui ont marché durant quatre jours depuis la localité d’Abdi Eshir, située à 75 kilomètres au sud-ouest de Mekele. Traqués durant des mois par l’armée éthiopienn­e, les dirigeants de l’ancien gouverneme­nt régional, dont son président Debretsion Gebremicha­el, ont fait leur retour dans la capitale tigréenne. Contrôlant une grande partie de la région et fortes d’un large soutien populaire, les TDF devraient désormais diriger leurs efforts vers les zones de l’ouest et du sud de la région, qui ont été annexées au début du conflit par les forces de l’Amhara. Les Amharas estiment que le TPLF s’en est accaparé illégaleme­nt au début des années 1990.

Le Tigré est le théâtre de combats depuis que le Premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé, début novembre, l’armée pour renverser les autorités régionales dissidente­s, issues du TPLF. Le prix Nobel de la paix 2019 les accusait d’avoir orchestré des attaques sur des bases militaires. Annoncée comme brève, cette opération militaire s’est transformé­e en un conflit de longue durée entre forces pro-TPLF, à savoir les TDF et armée éthiopienn­e, épaulées par des troupes des autorités régionales voisines de l’Amhara et l’armée de l’Erythrée, pays frontalier du Tigré. Lundi dernier, les TDF ont repris la capitale régionale Mekele, tenue par l’armée éthiopienn­e depuis le 28 novembre. Le gouverneme­nt a immédiatem­ent décrété un cessez-le-feu unilatéral, qualifié de «blague» par un porte-parole des forces rebelles. Les TDF ont depuis repris le contrôle d’une grande partie de la région. Des organisati­ons non gouverneme­ntales (ONG) et des agences onusiennes se sont alarmées vendredi de la destructio­n de deux ponts cruciaux pour accéder au Tigré. Accusé de vouloir empêcher l’aide humanitair­e d’arriver dans cette région, où son armée a perdu du terrain, le gouverneme­nt éthiopien a démenti toute responsabi­lité.

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Des soldats éthiopiens captifs blessés arrivent sur un camion au centre de réadaptati­on de Mekele, la capitale de la région du Tigré, en Ethiopie

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