Des Tagarins au Palais du peuple

Onze généraux ont été promus au grade de généraux-majors, il s’agit du commandant de la Gendarmerie nationale, Noureddine Gouasmia, Mourad Guerbouâ, chef d’état-major de la marine nationale, mais aussi Omar Serrir, Abdennour Azouz, Relah Melizi, Salah Cheklal, Rabah Mahtout, Mabrouk Sadat, Ahmed Salmi, Ahmed Sayah et Zoubir Ghouila. La promotion a concerné également dix colonels qui ont gagné un galon, devenant ainsi des généraux, parmi eux une femme, Soraya Aissaoui, de l’aviation. La cérémonie s’est déroulée, pour la seconde fois, au Palais du peuple, à Alger, alors que depuis des années, elle a lieu au Tagarin, là où se trouve le siège du ministère de la Défense nationale. Quelle symbolique veut-on donner à ce changement d’adresse ? Cette cérémonie intervient un mois seulement de l’amendement, par le président Tebboune, de l’ordonnance portant statut des personnels militaires, promulgué le 30 mai dernier, qui porte la limite d’âge dans le grade à 68 ans pour le général d’armée, après 48 ans de service, à 64 ans pour le général de corps d’armée, après 42 ans de service, à 60 ans pour le général-major, après 38 ans de service, et à 56 ans, pour le général, après 36 ans de service. Cette limitation d’âge et de durée des services est toutefois majorée de 5 ans pour les officiers supérieurs médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, médecins généralistes, médecins spécialistes, spécialistes hospitalo-universitaires et vétérinaires et de 3 ans pour les officiers supérieurs des corps techniques, administratifs et du corps des magistrats. Mais ces dispositions ne peuvent, précise l’article 20 de cette loi, «avoir pour effet de porter le maintien en activité de service des officiers supérieurs concernés au-delà de l’âge de 60 ans ou d’une durée de service supérieure à 40 ans». Lors de la cérémonie d’hier, les officiers supérieurs ont été décorés de leurs nouveaux grades par le Président, en présence du chef d’étatmajor de l’ANP, Saïd Chengriha, mais surtout du commandant de la Garde républicaine, le plus gradé de l’armée, le général d’armée Ben Ali Ben Ali, âgé de 82 ans. L’image est parlante et laisse croire «qu’elle vise à mettre un terme aux rumeurs sur le départ de ce dernier, en raison, dit-on, des divergences avec certains hauts gradés de l’armée». Durant des années, cette cérémonie intervient à la date du 5 Juillet, et elle est toujours précédée la veille ou l’avant-veille de celle du coup d’envoi des sorties de promotions d’officiers, organisée à l’Académie interarmes de Cherchell, en présence des plus hauts responsables de l’Etat, et les officiers supérieurs de l’ANP, sous les projecteurs des médias lourds. Il en a été ainsi l’année écoulée et en pleine crise sanitaire et en présence du chef de l’Etat. Quelle interprétation donner à ce changement de protocole ? La question reste posée. Il est cependant important de préciser qu’en plus des départs à la retraite, un mouvement au niveau des commandements de Régions militaires et des forces ainsi que des directions centrales a été opéré et l’on parle de promotion, et donc de l’arrivée de nombreux officiers des forces spéciales à des postes de commandement.