Les travaux de Kefnmer, Mebarki et Bouheddaj exposés
L Entamée dimanche 4 juillet au Mamo, l’exposition des artistes peintres Kefnmer, Mebarki, Bouheddaj est apparue comme un événement surprise à la veille de la célébration de la journée commémorant la fête de l’indépendance et de la jeunesse.
Une exposition prévue pour durer un mois et qui vaut le détour ne serait-ce que pour découvrir ou redécouvrir les travaux de ce trio de Tlemcen. Le discret Abdelhafidh Kefnmer et ses abstractions «monumentales» (triptyques et diptyques) fait partie du célèbre groupe de Maghnia. Ahmed Mebarki s’est forgé au fil du temps une technique très particulière qui lui a valu d’être distingué à plusieurs reprises notamment en 2017 à Alger mais aussi précédemment en 1996 à Souk Ahras (festival des arts plastiques). Plutôt connu pour ses sculptures parfois grandeur nature inspirées des fresques réalisées par nos ancêtre préhistoriques, M’hamed Bouheddaj, qui sait également manier le pinceau, n’est retourné au pays qu’en 2020 après un exil qui a duré près de 30 ans. Rencontrés dans l’après midi pour ce premier jour d’exposition, ces artistes émérites donnaient néanmoins l’air d’avoir été livrés à eux-mêmes. Le fait est souligné explicitement par Bouheddaj, qui s’étonne du fait qu’on organise une exposition sans cérémonie d’ouverture qui aurait pu fonctionner comme un effet d’annonce pour le public. «Même pas une affiche !» s’est-il exclamé. Certains invités sont venus mais beaucoup ont fait faux bond laissant les concernés dans l’incompréhension. Des expositions où les visiteurs sont rares on en a déjà vu mais il existe toujours un moyen les captiver. «Une fois, lors d’une exposition, après avoir constaté que les gens passaient mais ne rentraient pas dans la salle, nous sommes allés dans un café bondé et nous avons enregistré le brouhaha que nous avons ensuite diffusé en boucle sur les haut-parleurs. L’effet a été immédiat car en un rien de temps, la salle s’est remplie. Sauf que là nous sommes dans les années 1980 et c’est pour dire qu’aujourd’hui, les moyens sont nettement plus sophistiqués et surtout plus disponibles», raconte avec ironie le célèbre sculpteur déplorant par la même occasion les imperfections d’ordre technique à commencer par un éclairage défectueux et un manque de socles servant à poser les sculptures, notamment celles de taille relativement petite réalisées depuis son retour au pays.
De manière générale, la période de fermeture suite aux restrictions imposées par la pandémie y est sans doute pour quelque chose dans ces couacs car le musée a déjà eu à abriter (avant le Covid) des expositions qui se sont déroulées dans les règles de l’art (attraction du public compris). Bouheddaj, qui dit avoir toujours vécu de son art a, lors de son exil, bénéficié d’une résidence de trois ans (fait rare) à la Cité internationale des Arts en France, des contrats renouvelés grâce à la présentation de projets artistiques acceptés au fur et à mesure. Une expérience qui lui avait valu de se frotter avec des artistes venus du monde entier et donc d’avoir une idée sur les méthodes de gestion du fait artistique des uns et des autres. Ce qu’il n’avait pas admis ici, ayant lui-même assuré les frais de transport de ses oeuvres particulièrement lourdes (plusieurs centaines de kilos), c’est qu’on lui dise que l’expo ferme à 16 heures 30 (heures de bureau donc). «J’ai, affirme-t-il, dû batailler pour prolonger l’horaire jusqu’à 19 heures en menaçant de retirer mes oeuvres en cas de refus». Heureusement pour le public amateur.