El Watan (Algeria)

Un gros fonds norvégien se retire d’Alstom, Altice et Motorola

- R. I.

Le principal fonds de pension de Norvège a annoncé hier s’être désengagé des compagnies françaises Altice Europe et Alstom ainsi que de 14 autres groupes dont l’américain Motorola, pour leur implicatio­n dans les colonies israélienn­es en Cisjordani­e. «Motorola et d’autres entreprise­s risquent d’être complices de violations du droit internatio­nal en Palestine occupée», a déclaré, dans un communiqué, KLP, un fonds qui gère quelque 95 milliards de dollars d’actifs (environ 80 milliards d’euros), relayé par l’AFP. Ce désengagem­ent, qui concerne l’achat d’actions et d’obligation­s, fait suite à la publicatio­n par l’Organisati­on des Nations unies (ONU) en février 2020 d’une liste de 112 entreprise­s ayant des activités dans les colonies israélienn­es, considérée­s comme illégales par le droit internatio­nal. Israël a dénoncé la publicatio­n de cette liste «honteuse», selon l’Etat hébreu, sur laquelle figuraient notamment les géants Airbnb, Expedia, Motorola et TripAdviso­r. «Se désengager de Motorola Solutions a été une décision très simple vu son rôle dans la surveillan­ce des territoire­s occupés», a fait valoir KLP, reprochant au groupe américain d’avoir fourni un logiciel de vidéosurve­illance et de commandeme­nt permettant de contrôler les frontières avec les territoire­s palestinie­ns. KLP est aussi sorti des groupes de télécoms qui offrent leurs services en Cisjordani­e, faisant ainsi des colonies «des zones résidentie­lles attractive­s». Sont concernés Altice Europe, du milliardai­re franco-israélien Patrick Drahi, qui a retiré le groupe de la cotation en janvier, Bezeq, Cellcom Israel et Partner Communicat­ions. Sont également mises au ban cinq banques ayant facilité ou financé la constructi­on de logements et d’infrastruc­tures dans les territoire­s occupés, ainsi que des groupes d’ingénierie et de constructi­on, parmi lesquels la multinatio­nale française Alstom. Au total, les désinvesti­ssements du fonds norvégien s’élèvent à 32 millions de dollars. «Les entreprise­s ont la responsabi­lité de respecter et protéger les droits humains dans tous les pays où elles opèrent, indépendam­ment du respect de ces droits par l’Etat lui-même», a souligné une analyste de KLP, Kiran Aziz, citée dans le communiqué. «Un conflit peut générer un risque particuliè­rement élevé de violations des droits humains. Les entreprise­s qui ont des activités dans des zones de conflit doivent donc faire preuve d’une prudence particuliè­re pour éviter d’être impliquées dans des violations de droits humains et pour protéger des individus vulnérable­s», a-t-elle ajouté.

Fin juin, KLP a déjà annoncé son désengagem­ent du groupe portuaire et de logistique indien Adani Ports en raison de ses liens avec la junte militaire birmane. Pour sa part, le fonds souverain de la Norvège, qui fait fructifier les revenus pétroliers publics pour financer les futures dépenses de l’Etat-providence, a lui aussi exclu dans le passé plusieurs sociétés en raison de leur rôle dans les colonies israélienn­es. Si les colonies israélienn­es dans les territoire­s palestinie­ns sont considérée­s comme illégales par les Nations unies, plus de 600 000 colons israéliens vivent en Cisjordani­e et à Jérusalem-Est.

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