Que faire un 6 juillet à midi ?
La majorité de ceux qui sont au pouvoir étaient pour le 5e mandat de Bouteflika et contre le hirak, qu’ils qualifiaient, pour la plupart, de mouvement actionné par des officines étrangères ou d’atteinte à la stabilité du pays. Deux ans et demi plus tard, le hirak, qui a permis aux dirigeants actuels d’être les actuels dirigeants, est officiellement interdit et nombre de ses acteurs sont en prison. Cette injuste inversion n’est pourtant pas paradoxale, à titre d’exemple, le FLN qui représentait 98% de la population en 1962 n’en représente aujourd’hui que 0,7%, selon les chiffres officiels des dernières législatives, que le Président, toujours membre du comité central du FLN, a qualifié de «pas décisif».
Une minorité dirige la majorité, ce qui là aussi reste cohérent, puisque le Président a déclaré avant le scrutin que le taux de participation ne l’intéressait pas, autrement dit, le nombre de ses concitoyen(ne)s d’accord avec sa méthodologie n’est pas important. Un «pas décisif» vers quoi ? Le Président n’a pas développé, il n’a pas fait de discours à la nation après ces législatives, pas plus qu’il n’en a fait, comme tous ses prédécesseurs, à l’occasion de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse.
Tout juste a-t-il signé pour relâcher une poignée de jeunes pendant que d’autres étaient arrêtés au même moment, annulant de fait cette mini-opération de mansuétude. Ce qui encore une fois reste cohérent, pourquoi interdire la contestation, bloquer les sites internet et arrêter manifestants, journalistes, avocats, chefs de parti et blogueurs, si c’est pour les libérer ensuite ? En gros, parce qu’il fait trop chaud pour entrer dans les détails, le régime est cohérent avec lui-même, la politique c’est lui, l’économie c’est lui, la santé c’est lui, l’administration c’est lui, la loi de finances c’est lui, la gestion c’est lui, les élections c’est lui, les réformes c’est encore lui, les nominations c’est toujours lui et les plans de développement c’est lui. Mais la crise, c’est les autres.