AU BOUT DE LA TRAVERSÉE, CENTRES, EXPULSION OU TRAQUE
Les migrants interceptés aux Baléares ou aux îles Canaries sont envoyés systématiquement à la Péninsule espagnole, nous affirme Marie-Ange Colsa. Au cours du mois de mai, des dizaines d’Algériens, dont des femmes, des mineurs et des bébés, ont été transférés au port d’Almeria ou à Malaga, au sud de l’Espagne. En une seule journée, le 8 mai, le transfert a concerné 80 Algériens d’un coup. Quel est le sort de tant de personnes ? Marie-Ange Colsa nous explique la procédure en vigueur : «Lorsqu’une embarcation arrive, les autorités ont jusqu’à 72 heures pour procéder à l’assistance sanitaire et au test Covid-19 (Croix-Rouge), puis au listage des passagers. Ce processus est réalisé dans un CATE (centre temporaire d’attention aux étrangers). Elles peuvent les laisser libres de leurs mouvements avec ordre de quitter le territoire par leurs propres moyens. Comme ils ont la possibilité de rester dans un centre géré par diverses ONG ou de recevoir l’ordre d’expulsion et sont envoyés dans un CIE (centre de rétention administratif).» «Nous avons demandé, à plusieurs reprises, quel est le critère pour que l’une ou l’autre voie soit utilisée. Pour le moment, nous n’avons pas reçu une réponse satisfaisante», nous affirme-t-elle. Beaucoup de migrants arrivent à passer entre les mailles de la police. Pour éviter d’être expulsés, ils préfèrent fuir les centres, se fondre dans la foule ibérique, quitte à dormir à la «belle» étoile, plutôt angoissante. Mais dans les rues, la traque des «clandestins» est souvent engagée. Quatorze Algériens et Syriens ont été interceptés par la police dans une gare routière et transférés vers le port d’Almeria.