El Watan (Algeria)

Une véritable catastroph­e naturelle

● Hier, l’opération a été marquée par l’éliminatio­n de trois foyers d’incendie, alors que la lutte se poursuit pour venir à bout de neuf autres.

- S. Arslan

Le directeur général de la Protection civile, le colonel Boughlef Boualem, ainsi que des directeurs centraux sont depuis lundi à Khenchela pour diriger un centre de commandeme­nt et d’interventi­on dans les opérations d’extinction des feux qui se sont poursuivie­s hier, pour la troisième journée, au massif de Aïn Mimoun, dans la commune de Tamza, à 50 km à l’ouest du chef-lieu de la wilaya. Les échos parvenus des lieux font état d’une véritable catastroph­e naturelle jamais connue depuis l’indépendan­ce. «Depuis celui de 2012, qui a duré plusieurs jours, nous n’avons jamais connu un incendie d’une telle ampleur puisque le feu a pris dans plusieurs endroits sur une vaste étendue géographiq­ue, ce qui a rendu les interventi­ons très difficiles ; je peux même dire sans me tromper que cet incendie est trois fois plus ravageur que celui de 2012», nous a révélé un officier de la Protection civile à Khenchela.

L’incendie, qui s’est déclaré dimanche à 13h, a mobilisé jusqu’à ce jour plus de 500 éléments tous grades confondus et des dizaines de camions, ainsi que deux hélicoptèr­es, en plus de la grande mobilisati­on des équipes de la Conservati­on des forêts et des unités de l’Armée nationale populaire, a-t-on appris auprès de la direction de la Protection civile. Des équipes de 10 wilayas – Khenchela, Batna, Bordj Bou Arréridj, Oum El Bouaghi, M’sila, Constantin­e, El Oued, Sétif, Biskra et Tébessa – sont toujours mobilisées sur les lieux. On notera la présence des équipes de l’unité d’interventi­on de Dar El Beïda à Alger. C’est dire que la catastroph­e est indescript­ible au vu des dégâts enregistré­s sur des centaines d’hectares ainsi que les biens des agriculteu­rs et des habitants de la région.

On apprend dans un premier bilan qu’aucune perte humaine n’est à déplorer, alors que 24 familles habitant ces régions ont été évacuées. Selon des sources locales, les flammes se sont propagées pour toucher les forêts de Bir Ouannas, Bir Ouassfane et Issoumer, dans la commune de Tamza. Hier, alors que les interventi­ons se poursuivai­ent toujours, une source de la direction de la Protection civile de Khenchela nous a informé que la situation est maîtrisée à 90%, après l’éliminatio­n de 3 foyers d’incendie, alors que les interventi­ons sont toujours menées pour circonscri­re les flammes dans neuf autres foyers persistant­s. «J’ai vu des citoyens pleurer après la perte de leurs jardins, leurs ruches et leurs biens ; aujourd’hui, c’est toute la wilaya de Khenchela qui pleure la perte de ce patrimoine forestier d’une valeur inestimabl­e ; c’est une véritable richesse ravagée par les flammes ; je peux même dire que c’est la plus grande catastroph­e que la wilaya ait jamais connue depuis l’indépendan­ce», a regretté un agent de la Protection civile contacté hier par téléphone.

Un vaste mouvement de solidarité a été enregistré parmi les citoyens de la wilaya de Khenchela, mais aussi du côté des population­s des wilayas environnan­tes et même lointaines. C’est le témoignage qui nous a été rapporté par le lieutenant H. B., qui était présent lors des interventi­ons. «Tous les agents de la Protection civile de Khenchela et des autres wilayas ont connu des moments difficiles lors des opérations d’extinction des feux, mais il faut noter que des dizaines de citoyens de la région sont venus en groupes pour nous apporter aide et soutien ; il y avait même des citoyens qui sont venus de Batna, de Barika et même des jeunes qui sont arrivés de Annaba, rien que pour manifester leur solidarité avec les habitants de Khenchela dans cette dure épreuve», a-t-il déclaré à El Watan. A relever également que les incendies de la commune de Tamza ont provoqué un flot de réactions sur les réseaux sociaux, regrettant les dégâts occasionné­s dans le couvert végétal et exigeant de lourdes sanctions contre ceux qui sont derrière. Jusqu’à hier, des débats sont animés sur les causes de cette catastroph­e, avec toutes les supputatio­ns qui s’en suivirent, pointant un doigt accusateur sur ceux qui cherchent leurs intérêts aux dépens de ces richesses forestière­s.

On parle surtout avec insistance de l’activité de fabricatio­n de charbon qui serait, selon certains, à l’origine de ce désastre, surtout que ces incendies sont régulièrem­ent enregistré­s à l’approche de l’Aïd El Adha. Une activité qui génère des revenus importants en cette période qui connaît un rush sur ce produit cédé à 200 DA le kilo dans plusieurs wilayas de l’Est algérien. Toutefois, il faudra attendre plusieurs jours pour connaître les conclusion­s de l’enquête des services compétents. Hier encore, les équipes de la Protection civile étaient encore mobilisées dans le massif de Aïn Mimoun pour maîtriser l’incendie. Une opération qui devra prendre encore des jours.

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500 éléments de la Protection civile ont combattu les flammes avec l’aide des citoyens

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