En deçà des attentes !
Refonte des études en médecine
Lancé en 2018, le bilan de refonte des études de médecine est loin d’être positif. C’est du moins le résultat d’évaluation visant justement la modernisation de ces études médicales. Un objectif qui a animé le débat lors de la journée nationale sur la refonte des études en médecine. «Ces résultats sont présentés en fonction de leur pertinence par rapport aux axes de la refonte entamée en 2018. Ils tiennent compte des différentes notes et synthèse locales et régionales», a indiqué le Pr. Mahdjoub Bouzitouna, doyen de la faculté de médecine de Constantine, lors de la présentation du bilan d’évaluation du 1er cycle d’enseignement de médecine. Le conférencier a fait savoir qu’en ce qui concerne la favorisation de l’apprentissage intégratif et complémentaire, le but a été partiellement atteint. Ceci n’est pas le cas pour la complémentarité où les problèmes persistent. «Actuellement, la refonte tente d’injecter des notions de cliniques fondamentales pour que l’étudiant arrive à la fin avec une synthèse et une prédisposition à l’acquisition des compétences. Pour l’introduction des langues qui avait pour but d’assurer une transition à l’accompagnement pour les étudiants arabophones, c’est le grand échec. Le cours magistral est refusé par les étudiants ainsi que par les professeurs qui le trouvent complètement hors contexte d’apprentissage et inutile», est-il présenté dans le bilan de ces 3 années de refonte. Ainsi, la langue française continue de présenter un obstacle pour les étudiants qui trouvent du mal à s’y faire. C’est du moins ce qu’ont affirmé les étudiants présents lors de cette journée. Autres méthodes d’évaluation réclamées Sur le volet traitant de «l’introduction à la santé, société et humanité», l’objectif était d’initier les étudiants au système de santé et leur expliquer l’approche centrée sur l’individu et la société. Selon la même étude, ces cours magistraux sont très mal vécus par les étudiants qui ne voient pas la projection de cet enseignement dans le futur. Ce qui explique parfaitement leur désintérêt. Du côté du volume horaire, les différents changements de la refonte avaient pour but de donner un peu plus de temps pour outiller les étudiants en connaissances théoriques et pratiques. D’après le même document, ce dernier a été respecté malgré le contexte Covid-19 qui a permis d’ailleurs de développer l’enseignement à distance. Les étudiants le trouvent, toutefois, trop chargé, ce qui les amène à faire un tri dans les matières et dans les enseignements intégrés. «Le but de réussir l’apprentissage est pratiquement légué au second rôle», souligne Pr Bouzitouna, qui explique qu’en matière d’évaluation, l’approche a été centrée sur l’enseignant et sur sa discipline. «Ce qui est une très mauvaise chose», enchaîne le conférencier. En revanche, un point positif est accordé au volet stages pratiques. Le but de la refonte était d’initier les étudiants au secourisme, aux soins infirmiers et les apprentissages pratiques. Le bilan révèle que les résultats sont prometteurs malgré le contexte de la pandémie du coronavirus. «Nous avons eu quelques cours de secourisme durant l’année, mais ce n’était pas suffisant par manque de moyen», témoigne Mokrane, étudiant en 3e année médecine à l’université de Tizi Ouzou. Toujours sur le plan de l’évaluation, le système QCM et le QCS, qui permet de tester l’ensemble des connaissances et proposer une correction objective, valide et rapide, est maintenu. Néanmoins, les enseignants ainsi que les étudiants revendiquent d’autres méthodes d’évaluation telles que les questions rédactionnelles, des exercices, des éco et surtout des examens de stage. «Je pense qu’au niveau national, tous les étudiants seraient d’accord que le programme dans son ensemble et dans la manière dont il est censé être appliqué est très intéressent, ce qui permettrait une amélioration dans la simulation. Cependant, son application reste à revoir car cela impliquerait plus de feedback et de visions pratiques sur ce qui se passe réellement dans chaque faculté, chacune avec toutes ses particularités», déclare Faouzi, étudiant en 3e année médecine à l’université de Tizi Ouzou, avant d’estimer que ce genre de rencontre ne peut qu’être fructueux pour cette branche d’études, levier essentiel du secteur médical dans le pays. Vers quels changements ? Pour passer de la quantité à la qualité en matière d’enseignement de sciences médicales, le changement s’impose. Validé à l’unanimité par les présents lors de cette rencontre, des pistes de solutions pour chaque module ont figuré dans le bilan de la refonte. Le professeur Bouzitouna s’est étalé en premier lieu sur la 1re année. Pour les langues, premier frein de l’apprentissage, le constat montre qu’il va falloir favoriser l’interactivité, c’est-à-dire les TD, la communication et la rédaction. Sinon, pour la physique, la biostatique, l’informatique, la chimie et la biochimie, il est proposé de réduire le volume horaire, revoir les objectifs et surtout sélectionner les cours en fonction des deux cycles, 1re et 2e années. «Parfois, nous trouvons certains cours qui sont répétés à outrance et des fois contradictoires. Pour nous, en tant qu’étudiants, il est impératif de les retravailler et les mettre à jours avec toutes ces nouvelles notions», signale Ahmed, étudiant en 3e année médecine à l’université d’Alger. Pour la 3e année, en plus de revoir les chapitres redondants et les objectifs spécifiques pour les unités d’enseignement intégré (UEI) et les unités d’enseignement thématique (UET), les étudiants trouvent qu’ils ne sont pas assez familiarisés avec les milieux hospitaliers, ce qui nécessite des enseignants-encadreurs dans les hôpitaux. Quoique les résultats du bilan du premier cycle semblent être pertinents dans le sens où ils ont dévoilé les lacunes, la mission est loin d’être achevée, selon le Pr. Kaouel Meguenni, doyen honoraire de la faculté de médecine de l’université Aboubakr Belkaid de Tlemcen. Selon ses propos, un autre atelier national aura lieu sur le contenu du programme du 2e cycle (4, 5et 6e année). «Nous allons dégager les modalités d’évaluations, d’enseignements et les contenues où l’approche par compétences sera certainement privilégiée. Ce qui veut dire renforcer un peu plus le stage clinique auprès des malades», explique le professeur. Pour ce faire, une convention sera signée entre les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur pour que les structures de santé périphériques, policliniques, OPH et les autres structures de santé de proximité accueillent les étudiants pour leur stage.