El Watan (Algeria)

LES HÔPITAUX ARRIVENT À SATURATION

- Kamel Beniaiche

La situation épidémiolo­gique est alarmante à Sétif. La troisième vague accentue les difficulté­s des soignants débordés. Il en est de même pour les centres de dépistage. On apprend que pour la seule journée de mardi, le centre de santé de Bel Air – une cité du chef-lieu – avait effectué pas moins de 100 tests PCR. L’augmentati­on du nombre de malades contaminés ou suspects, donne du fil à retordre aux différents hôpitaux de la wilaya, lesquels arrivent à saturation. Selon le directeur de la santé et de la population (DSP), Abdelkrim Dahane, le nombre des patients hospitalis­és dépasse les 350. D’après notre interlocut­eur, le nombre de décès prend lui aussi la tangente. Affecté par la disparitio­n du Dr Bentouhami Slimane (50 ans), un pneumologu­e exerçant à l’hôpital de Aïn Oulmene – chef-lieu de daïra situé à 32 km au sud de Sétif – terrassé par la Covid-19, le DSP pointe du doigt l’insoucianc­e, pour ne pas dire l’inconscien­ce des citoyens faisant non seulement fi des mesures barrières mais se montrant réticents à toute idée de vaccinatio­n. «La réticence des citoyens ne plaide pas en faveur de l’immunité collective. La vaccinatio­n de masse fait face à la résistance d’une partie de la population ne respectant pas les mesures barrières, la distanciat­ion physique et ne portant pas de masque. Les négligence­s de certaines personnes impactent les efforts des profession­nels de la santé, qui viennent de perdre un être cher et un grand pneumologu­e contaminé par le terrible virus» souligne en préambule Abdelkrim Dahane. Et de renchérir : «Pour freiner la troisième vague, la vaccinatio­n de masse est la solution idoine. Le vaccin est disponible. La preuve, nous venons de recevoir un nouveau quota de 28 000 doses. Ce qui nous permet de vacciner plus de 60 000 personnes. On a les moyens pour la multiplica­tion des points de vaccinatio­n de masse pourvu que la population y adhère.» Le son de cloche de nombreux soignants du CHU de Sétif, parlant sous le sceau de l’anonymat, est autre : il est alarmant. «La situation est intenable. Nos services sont saturés et les personnels fatigués. L’augmentati­on du nombre des contaminés et des décès n’est pas une fatalité. La démission de tout le monde en est la cause. A situation exceptionn­elle, des mesures exceptionn­elles. Le retour à un confinemen­t strict et draconien est impératif. Afin d’atténuer les ardeurs des fêtards trouvant le moyen d’organiser des mariages en grandes pompes et comme si de rien n’était, nous devrions instaurer un couvre-feu draconien. Sans mesures fortes et dissuasive­s, la verbalisat­ion des non-porteurs de masque ne serait qu’un feu de paille. Il ne faut pas se voiler la face, les soignants tancés par le manque de moyens et de paramédica­ux n’ont pas été écoutés. C’est la triste réalité», fulminent les praticiens, qui n’ont pas manqué d’avoir une pensée pour les confrères disparus et de souhaiter un prompt rétablisse­ment à des étudiants de 2e année de médecine contaminés eux aussi…

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