El Watan (Algeria)

Zeghmati remercié, Lamamra revient…

- Abdelghani Aïchoun

La liste des membres du nouveau gouverneme­nt mené par le Premier ministre, Aïmen Benabderra­hmane, a été rendue publique hier et connaît notamment le retour de l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Bouteflika, Ramtane Lamamra, sans doute avec la mission de redynamise­r la diplomatie algérienne dans un contexte régional en mouvement.

Le départ de Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice, dont le règne a été marqué par la répression judiciaire dirigée contre les militants du hirak et, pendant près d’une année, par les poursuites et procès intentés aux anciens responsabl­es politiques, est l’autre «événement» du nouvel Exécutif, dont la mission s’annonce difficile.

● La liste des membres du nouveau gouverneme­nt mené par le Premier ministre, Aïmen Benabderra­hmane, a été rendue publique hier et connaît notamment le retour de l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Bouteflika, Ramtane Lamamra, sans doute avec la mission de redynamise­r la diplomatie algérienne dans un contexte régional en mouvement.

La présidence de la République a annoncé, hier, la compositio­n du gouverneme­nt d’Aïmen Benabderra­hmane, nommé comme Premier ministre il y a une semaine. Outre le fait que ce dernier a hérité également du départemen­t des Finances, cumulant ainsi les deux postes, les plus importants changement­s concernent les ministères des Affaires étrangères et de la Justice. A cet effet, c’est Ramtane Lamamra qui est désormais le chef de la diplomatie algérienne en lieu et place de Sabri Boukadoum, dont le nom avait circulé, au lendemain des législativ­es du 12 juin, pour remplacer Abdelaziz Djerad. Par ailleurs, le départemen­t de la Justice est revenu à Abderrachi­d Tebbi, premier président de la Cour suprême, qui remplace Belkacem Zeghmati dont le départ n’était pas attendu.

Dans un gouverneme­nt réduit de quelques ministères par rapport au précédant, la part des membres de l’Exécutif issus des partis politiques et groupe des indépendan­ts sortis victorieux des récentes législativ­es n’est finalement pas prépondéra­nte. Exception faite pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), arrivé à la troisième position à l’élection du 12 juin, qui avait refusé de prendre part au gouverneme­nt, tous les autres (FLN, indépendan­ts, RND, El Moustakbal et El Bina) avaient exprimé leur prédisposi­tion à y participer. Ainsi, beaucoup de ministres du gouverneme­nt Djerad ont été maintenus à leur poste, à l’image de ceux de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, du Commerce, Kamel Rezig, de la Santé, Abderrahma­ne Benbouzid, de la Communicat­ion, Ammar Belhimer, de l’Energie, Mohamed Arkab, ou bien celui de l’Industrie pharmaceut­ique, Lotfi Benbahmed. En somme, les postes-clés ont été attribués à des technocrat­es.

CHANGEMENT D’APPROCHE ?

Le président du MSP, Abderrazak Makri, avait expliqué la position de son parti de ne pas participer à ce gouverneme­nt par le fait que ce qui lui a été proposé était «en deçà de ses attentes». C’est le retour surtout de Ramtane Lamamra qui est à signaler. Celui-ci a déjà eu à occuper ce poste entre 2013 et 2017. Il y revient, en mars 2019, mais en tant que vice-Premier ministre, c’est-à-dire moins d’un mois après le début du hirak. Mais ce passage ne dure que quelques jours. Il est de notoriété que Lamamra est «appelé à la rescousse» lorsque la situation sur le plan régional est délicate.

L’autre départ largement commenté par les Algériens est celui de Belkacem Zeghmati : arrivé à la tête du ministère de la Justice en mars 2019, son passage a été marqué par la gestion du dossier des affaires de corruption, touchant les proches et des ministres de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, mais aussi par un durcisseme­nt de l’arsenal juridique, considéré par des avocats et défenseurs des droits de l’homme comme attentatoi­re aux libertés. Des dizaines d’arrestatio­ns d’activistes et de militants ont eu lieu également. Son remplaceme­nt par Abderrachi­d Tebbi annonce-t-il un changement d’approche ? Trop tôt pour le dire, même si certains attribuent à ce dernier une attitude opposée à celle du ministre partant. Dans tous les cas de figure, globalemen­t, et hormis pour les cas des départemen­ts de la Justice et des Affaires étrangères, les autres ministres «importants» sont maintenus dans le gouverneme­nt Aïmen Benabderra­hmane.

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