LES AUTORITÉS METTENT LE PAQUET
VACCINATION CONTRE LA COVID-19
l Le nombre de cas de contamination à la Covid-19 a dépassé la barre des 500 cas en 24 heures, un chiffre loin de refléter la réalité l Les hôpitaux affichent complet pour leur majorité l C’est surtout le cas dans la capitale l Alors que le variant Delta risque de prendre le dessus, seulement 2,5 millions de personnes ont été vaccinées à ce jour, selon le Dr Djamel Fourar.
Jugeant la situation épidémiologique de «très mauvaise», le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, entend engager une «nouvelle stratégie offensive» pour donner un nouveau souffle à la campagne nationale de vaccination lancée en janvier dernier. Son objectif : «vacciner un million de personnes par mois». C’est ce qu’il a déclaré lors d’une conférence de presse organisée jeudi autour de la situation épidémiologique de la Covid-19. «Un défi que nous devons relever pour tenter de casser la chaîne de contamination», a-t-il insisté. Pour ce faire, le Pr Benbouzid estime qu’il faut utiliser tous les moyens pour inciter la population à se faire vacciner. «La vaccination est l’unique moyen à adopter pour nous protéger de ce virus», a-t-il martelé.
Ainsi, il a été décidé, a-t-il souligné, de renforcer les points de vaccination à travers le pays en utilisant les mosquées, les places publiques, les centres commerciaux, les cliniques privées et les lieux de travail. Il a également évoqué l’envoi de caravanes mobiles vers les zones enclavées pour permettre à toute personne souhaitant se faire vacciner de le faire sans aucune contrainte, cela dans l’esprit de «rapprocher la santé des citoyens». Le ministre de la Santé a tenu à rassurer que «le vaccin est disponible en quantités suffisantes depuis quelques semaines».
Il a ajouté que «des lots plus importants arriveront dans les prochains jours, au courant de ce mois de juillet et le mois d’août prochain». «Près de quatre millions de doses seront réceptionnées entre le 11 et le 18 juillet courant. Nous avons suffisamment de doses pour arriver à vacciner le plus de personnes, contrairement aux derniers mois où les quantités étaient très insuffisantes», a-t-il déclaré tout en assumant le faible taux de vaccination réalisé à ce jour. «A partir de maintenant, on peut nous demander des comptes et celui qui en demandera n’a qu’à aller se faire vacciner», a-t-il lancé.
La directrice de la Pharmacie, Mme Hadjoudja, rappelé que les vaccins utilisés actuellement sont homologués par l’OMS et qu’«il n’y a pas lieu d’avoir des craintes quant aux effets secondaires des vaccins qui sont, selon le centre national de la pharmacovigilance, très légers et similaires aux effets provoqués par le vaccin de la grippe saisonnière ou autres. Des quantités importantes de doses seront régulièrement réceptionnées et d’ici la fin du mois, on aura reçu au total, depuis janvier, entre 9 à 10 millions de doses», a-t-elle rassuré.
Des campagnes de sensibilisation sur les dangers de la Covid-19, les différentes souches qui circulent dans notre pays et les bienfaits de la vaccination seront lancées dès ce samedi. Un fil rouge est donc programmé aujourd’hui sur les différentes chaînes de télévision, en plus de tables rondes et des émissions animées par des spécialistes avec l’intervention des personnalités influentes du monde de la culture, du football, etc. Les directions de la santé de wilayas ont été instruites pour organiser des campagnes de sensibilisation en direction de la population pour encourager les gens à se faire vacciner. «Le recours à tous les moyens pour sensibiliser les citoyens de toutes les localités sur les bienfaits de la vaccination est primordial», a signalé le Pr Benbouzid. Le pass sanitaire, une proposition du comité scientifique, est l’une des options validée par le ministère de la Santé pour encourager plus de personnes à se faire vacciner. «Sans ce certificat sanitaire, l’accès à certains espaces publics est interdit aux non vaccinés, notamment les stades dès l’ouverture de la prochaine saison», a-t-il indiqué. Le moment est à la mobilisation de tous, a noté le ministre de la Santé, non sans manquer de signaler que dans la gestion de cette crise, il y a eu des manquements, mais «il n’est pas trop tard pour bien faire». Ainsi, le ministère de la Santé, a-t-il signalé, a mobilisé les moyens nécessaires pour augmenter les capacités de prise en charge, que ce soit en lits d’hospitalisation et de réanimation, en oxygène et autres, notamment dans la wilaya d’Alger qui connaît une forte pression. «La hausse des contaminations est enregistrée depuis six semaines dans dix wilayas du pays et des mesures de riposte ont été prises en coordination avec les directeurs des établissements et les DSP.» «Pour répondre justement à la forte demande de la wilaya d’Alger, des transferts vers les hôpitaux de Tipasa, Blida et Boumerdès sont prévus», a déclaré le Pr Lyes Rahal, directeur général des structures sanitaires au ministère de la Santé et de signaler qu’au 7 juillet, «le nombre de patients hospitalisés en hôpital du jour dans la wilayas d’Alger a atteint 1504 et 156 en réanimation sur un nombre de lits prévus, respectivement 2001 pour les hospitalisations et 231 pour la réanimation». Des prévisions qui risquent d’être dépassées au vu du nombre de cas de contamination en hausse jour après jour et dont le nombre officiel ne reflète pas la réalité. Interrogé à ce propos et sur la non-prise en compte des nombreux tests antigéniques réalisés par les laboratoires privés, le Dr Fourar a affirmé que «le chiffre annoncé quotidiennement ne reflète pas la réalité, mais c’est comme ça. Nous avons opté seulement pour la comptabilisation des tests PCR positifs», a-til déclaré, appuyé par le Pr Benbouzid pour dire que «chaque pays a adopté sa stratégie et la nôtre est basée sur le test PCR positif tel que recommandé par l’OMS».
D’ailleurs, le directeur de l’Institut Pasteur d’Algérie, le Dr Fawzi Derrar, a mis en garde contre la propagation du variant Delta qui risque de prendre le dessus dans les prochaines semaines. «Une souche très contagieuse qui prend de l’ampleur à travers le monde. Cela pourrait être rapidement le cas en Algérie», a-t-il précisé. Le Dr Fawzi Derrar a souligné qu’«il n’y a que la vaccination qui peut arrêter l’avancée de ce variant redoutable dont la vitesse de contamination et le R0 sont très élevés». Pour lui, «le taux de vaccination doit atteindre rapidement un haut niveau et il faut saisir cette occasion de la flambée pour éviter d’avoir d’autres souches». Quant à l’efficacité des vaccins disponibles contre ces variants, le Dr Derrar rassure qu’«il n’y a pas eu de changement antigénique majeur du virus. Les vaccins disponibles sont efficaces contre toutes ces souches qui circulent», a-t-il ajouté et d’appeler à plus de vigilance et au respect des mesures de prévention et les gestes barrières, le port du masque, le lavage des mains et la distanciation physique.