El Watan (Algeria)

«Do The Right Thing»

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Le président Spike Lee à la tribune : le réalisateu­r new-yorkais, qui dirige le jury du Festival de Cannes, a placé les retrouvail­les du cinéma mondial sous le signe de la lutte, avec un cri pour les droits des Noirs aux Etats-Unis, avant le feu d’artifice cinématogr­aphique promis par le film d’ouverture, Annette.

Ce monde est dirigé par des gangsters», a déclaré le premier cinéaste noir à ce poste, s’en prenant notamment aux dirigeants russe Vladimir Poutine et brésilien Jair Bolsonaro, en conférence de presse, casquette noire siglée «1619» sur la tête, en référence à l’année d’arrivée des premiers esclaves aux Etats-Unis. Il avait d’abord évoqué le sort des Noirs aux Etats-Unis, coeur de son engagement politique et artistique, qu’il n’a cessé d’explorer dans ses films, notamment Do The Right Thing. Plus de «30 putains d’années après» ce film, «on aurait pu croire que les personnes noires auraient arrêté d’être traquées comme des animaux», a-t-il déclaré, avant de faire référence aux Noirs victimes de violences policières aux Etats-Unis comme «le frère Eric Gardner» ou «le roi George Floyd», qui ont été «tués, lynchés», a-t-il ajouté. Plusieurs membres de son jury ont embrayé, du réalisateu­r brésilien Kleber Mendonça Filho sur la situation politique dans son pays, à l’actrice Maggie Gyllenhaal, sur la place des femmes dans le cinéma, en passant par la Française Mélanie Laurent qui a fait le lien avec l’écologie. Ils avaient auparavant fait part de leur joie de célébrer à Cannes les retrouvail­les du cinéma mondial, après des mois de diète imposées par la Covid : «C’est un miracle d’être ici», s’est enthousias­mé le Coréen Song Kang-ho, l’acteur principal de Parasite, Palme d’Or 2019. Interrogé par l’AFP, l’acteur Tahar Rahim, dont l’épouse Leïla Bekhti joue l’un des rôles principaux dans l’un des films en compétitio­n, Les Intranquil­les, de Joachim Lafosse, a par ailleurs assuré de son côté qu’il voyait cette dernière comme «une actrice comme les autres» et que cette situation ne posait pas de problème «déontologi­que».

«VIBRER» À NOUVEAU

Après ces prises de parole et une séance photo où ils ont pu enlever le masque, – Spike Lee en sweat siglé PSG, Mylène Farmer en robe rouge etchevelur­e flamboyant­e – les jurés entameront, mardi soir, leur marathon cinéphile, avec 24 films, de la jeune Julia Ducournau à Paul Verhoeven en passant par l’Italien Nanni Moretti ou le Russe Kirill Serebrenni­kov, et une compétitio­n qui doit s’achever par la remise de la Palme d’Or le 17 juillet. Mardi soir, c’est Annette, un flamboyant opéra rock signé de Leos Carax, cinéaste aussi culte que rare, et du duo musical légendaire des Sparks, qui ouvre les festivités (et sort simultaném­ent dans les salles françaises). «La Covid est toujours là, mais être présent pour le retour du festival, dans le film d’ouverture (...) c’est un grand sentiment de soulagemen­t et d’excitation», a confié à l’AFP Adam Driver, tête d’affiche avec Marion Cotillard de cette comédie musicale inclassabl­e, et premier film du réalisateu­r français depuis Holy Motors il y a neuf ans. En plein tournage et venu spécialeme­nt à Cannes le temps de la cérémonie, l’acteur, qui n’aime pas voir ses films, a déjà prévu... de quitter la salle pour se réfugier dans un bureau quand «Annette» commencera : «Là, je joue avec l’agrafeuse ou le scotch et je reviens quand les lumières se rallument», a-t-il confié à l’AFP, «et je fais comme si j’étais resté là…»

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Spike Lee : «Ce monde est dirigé par des gangsters»

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