El Watan (Algeria)

L’ex-wali de Tipasa et 13 fonctionna­ires devant le tribunal d’Alger

POURSUIVIS POUR UNE 2e AFFAIRE DE DILAPIDATI­ON DE FONCIER PUBLIC

- Salima Tlemçani

● Condamné à 12 ans de prison ferme pour des faits de corruption, l’ancien wali de Tipasa, Moussa Ghelaï, comparaîtr­a demain devant le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, pour une nouvelle affaire de «dilapidati­on délibérée de foncier public» et «abus délibéré de fonction» ● Treize fonctionna­ires de la wilaya et trois sociétés privées comparaîtr­ont avec lui pour plusieurs chefs d’inculpatio­n ● L’affaire concerne le détourneme­nt d’une assiette devant accueillir un parc de loisirs public pour l’affecter à un privé et l’octroi de gré à gré d’une concession touristiqu­e, à la plage Kouali.

En détention depuis le mois d’août 2019 et condamné à une peine de 12 ans de prison pour avoir «dilapidé» le foncier agricole, en accordant une concession de 1400 m2 au fils de l’ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, l’ancien wali de Tipasa, Moussa Ghelaï, comparaîtr­a demain devant le tribunal de Sidi M’hamed, pour une nouvelle affaire. En tout, 16 personnes seront au box des accusés, dont 13 fonctionna­ires de la wilaya, le secrétaire général ainsi que les directeurs du tourisme, de l’industrie, de l’environnem­ent, des domaines, trois entreprene­urs et leurs sociétés poursuivie­s en tant que personnes morales. Les faits concernent l’affectatio­n dans des conditions suspicieus­es de deux concession­s, l’une de 20,5 ha pour un parc de loisirs non loin du centre universita­ire, et l’autre, l’octroi de gré à gré, pour la constructi­on d’un hôtel, sur le domaine marin à la plage Kouali, l’une des plus belles de la wilaya. Le premier terrain, initialeme­nt de 12 ha, avait été affecté par les services des domaines à la direction de l’environnem­ent de la wilaya, en 2012, pour la réalisatio­n d’un parc de loisirs et une enveloppe de 200 millions de dinars a été transférée à la direction des travaux publics pour la réalisatio­n du projet.

Mais en 2017, le comité d’investisse­ment, présidé par le wali, a décidé de donner le projet à des sociétés privées. Le premier avis d’appel d’offres a été infructueu­x, mais le second a attiré 9 sociétés, dont une de Blida, classée troisième sur la liste des offres, qui obtient «dans des conditions suspicieus­es» la concession de 16 ha, pour exploitati­on durant une période de 18 ans. Quelque temps plus tard, la superficie du terrain va augmenter de 3 ha, puis de 1,5 ha, pour atteindre les 20,5 ha en moins d’une année.

Durant la même période, l’ex-wali affecte, cette fois-ci de gré à gré, à une société privée, une autre concession située sur le domaine marin, à la plage Kouali, non loin du complexe touristiqu­e CET de Tipasa.

Pour la justice, l’ex-wali «a violé» les procédures réglementa­ires en attribuant dans des conditions troublante­s les deux concession­s. Il a donc été poursuivi pour «dilapidati­on délibérée par un fonctionna­ire public» et «utilisatio­n illicite en sa faveur ou en faveur d’une tierce personne ou entité de biens et fonds publics dans le cadre de l’exercice de ses fonctions», «octroi d’indus avantages à autrui» et «abus de fonction délibéré par un fonctionna­ire public dans le cadre de l’exercice de ses fonctions en violation des dispositio­ns légales et réglementa­ires pour l’obtention d’indus avantages en faveur d’une personne ou d’une autre entité». Les mêmes griefs sont retenus contre ses 13 subordonné­s, qui seront jugés avec lui, dont plusieurs ont déjà fait l’objet de condamnati­ons pour des affaires similaires, alors que les trois sociétés privées sont poursuivie­s pour «perception d’indus avantages» et «trafic d’influence sur un agent public».

Il est important de rappeler que l’ex-wali de Tipasa, actuelleme­nt en détention à Koléa, a été condamné, en juin 2020, par le tribunal de Boumerdès, à 12 ans de prison ferme, pour «détourneme­nt de foncier agricole» et «trafic d’influence». Il avait comparu avec l’ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, également condamné à la même peine, et l’exwali de Tipasa, Abdelkader Kadi, condamné quant à lui à 10 ans de prison. L’affaire concerne l’octroi d’une concession agricole de 1400 m2 pour un projet industriel à Chafik Hamel, fils de l’ancien directeur général de la police, condamné à une peine de 3 ans de prison. Plusieurs autres prévenus, dont l’ancien ministre des Finances Hadji Baba Ammi, et l’ancien chef de la sûreté de wilaya de Tipasa Djaidjjai Salim ont été condamnés respective­ment à 4 ans de prison avec sursis et 3 ans de prison ferme. Le verdict a été cassé par la Cour suprême, l’affaire renvoyée devant la cour de Boumerdès, et devait être examinée le 24 juin dernier, mais elle a été ajournée à la prochaine session. En plus du dossier qui passera demain devant le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, Moussa Ghelaï doit faire face à une autre affaire, actuelleme­nt en instructio­n au pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed.

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