Le personnel soignant au bout du rouleau
N Des spécialistes de la santé s’inquiètent de l’état d’épuisement du personnel soignant alors que la pandémie a mis en évidence les faiblesses structurelles du système de santé national, notamment dans les hôpitaux publics mal équipés.
Depuis plus d’un an, médecins et infirmiers sont en première ligne dans les hôpitaux face à la pandémie de Covid-19. Ils sont confrontés à un manque d’équipements, au stress et à des horaires de travail exténuants, dont l’impact est largement sous-estimé sur la santé mentale de ces travailleurs essentiels dans la lutte anti-Covid. Des spécialistes de la santé s’inquiètent beaucoup de l’état d’épuisement du personnel soignant, alors que la pandémie a mis en évidence les faiblesses structurelles du système de santé national, notamment dans les hôpitaux publics mal équipés.
«Les professionnels de la santé sont fatigués, ils sont surmenés, ils sont au bout de leurs forces. On manque de moyens de protection, notamment en quantité, ce qui explique qu’il y a de plus en plus de personnels contaminés et malades au sein de l’équipe soignante», a déploré, fin juin, le président du Syndicat des praticiens de santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, dans une déclaration à la Radio nationale. En première ligne depuis près de 16 mois et à bout, le corps médical a déjà payé un lourd tribut à la Covid-19. «Nous avons perdu jusqu’à présent 185 médecins, toutes catégories confondues, généralistes, spécialistes et professeurs chefs de service, aussi bien du secteur public que privé», a-t-il déploré cette semaine dans un entretien à TSA. L’état d’épuisement, physique et moral, du personnel de santé, qui craint en permanence pour sa propre vie et celle de sa famille, est à prendre très au sérieux, alors que le pays est confronté à une troisième vague de la Covid-19. «La situation actuelle de la pandémie est très préoccupante», a alerté cette semaine le professeur Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha Bacha. Invité dimanche dernier de la Radio algérienne, il a souligné que «nous sommes en train de vivre une troisième vague», un «scénario identique à celui de la deuxième vague de l’été 2020, juin et juillet, avec quelques particularités, puisque maintenant ça commence à toucher les sujets jeunes». Selon lui, le nombre de contaminations du personnel de santé, tous corps et grades confondus, ne cesse d’augmenter. «Nous sommes entre 7 et 8 contaminations par jour et ça n’épargne personne, médecins, infirmiers, ambulanciers et administrateurs», a-t-il fait savoir. Samedi dernier, l’Algérie a enregistré 813 infections à la Covid, 13 décès et 528 cas de guérison, selon les données du ministère de la Santé. Dans ce contexte, la Présidence algérienne a annoncé la réactivation stricte des mesures préventives prises depuis le début de l’épidémie, comme le port du masque, la distanciation sociale et la généralisation de l’usage des désinfectants, en plus de l’accélération du rythme de la vaccination. Il a également été décidé, selon le communiqué, «d’augmenter la capacité des hôpitaux de 7 à 15%, notamment dans les grandes villes, comme Alger, Oran et Constantine».