El Watan (Algeria)

Les citernes d’eau envahissen­t terrasses et balcons

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L’installati­on de citernes d’eau, toutes tailles et formes confondues, sur les terrasses et balcons des maisons est devenue un phénomène qui se propage dans les quartiers populaires et nouveaux des communes de la wilaya d’Alger, un phénomène dû aux changement­s ayant récemment affecté le programme de distributi­on d’eau potable dans la wilaya. Dès la publicatio­n de la décision de la Société des eaux et de l’assainisse­ment d’Alger (SEAAL) portant mise en oeuvre d’un programme d’urgence pour la distributi­on d’eau en raison de la raréfactio­n des ressources en eau, l’opération de vente de citernes s’est mue en «commerce florissant» pour les vendeurs en gros et en détail, de sorte que le citoyen s’est retrouvé à la recherche du meilleur endroit dans son appartemen­t pour installer une citerne qui lui épargne la peine d’attendre l’eau du robinet, qui «s’épuise» vite au plus fort de l’été. Lors d’une tournée dans plusieurs communes de la capitale, nous avons constaté le pullulemen­t «remarquabl­e» des citernes d’eau, y compris les barils de 100 litres sur les balcons des immeubles, auxquels les citoyens ont eu recours afin d’atténuer leurs souffrance­s dues à la crise du stress hydrique, ce qui s’est traduit négativeme­nt sur l’aspect esthétique de nombreux bâtiments. Cette image «défigurée» se manifeste avec tous ses détails, dans les immeubles de la cité jouxtant Maqam Echahid dans la commune d’El-Madania. Ainsi, le lotissemen­t connu sous le nom de cité «Confort», déjà se caractéris­ant par la proliférat­ion notable des paraboles sur les balcons et les terrasses, voit son image au cours des derniers jours, encore plus défigurée, avec l’introducti­on d’un nouveau élément induit par la crise de l’eau, à savoir des citernes vertes, bleues et métallique­s. Les maisons, les villas et les immeubles à la cité des Annassers dans la commune de Kouba ne manquent pas aussi de ces citernes qui, souvent, sont en métal et installées dans les maisons individuel­les. Les couleurs faisant leur apparition à travers les immeubles de la cité, même si à un degré moindre de ce qui se voit à la cité «Confort» à El-Madania et qui garde sa part de ce nouveau phénomène, elles s’accentuent de façon progressiv­e aussi dans la cité «Saâda» (ex-Salembier). La commune de Ain Naâdja, avec ses anciennes et nouvelles cités, en sus de sa banlieue représenté­e par les zones d’extension urbaine qui imposent un modèle d’habitation dans lequel les citoyens recourent à l’esthétique architectu­rale de leurs maisons modernes, à l’instar de ce qui se voit à la cité de Sefsafa (sud-ouest de la commune), n’est pas épargnée par la proliférat­ion des citernes de tous types, volumes et couleurs, ce qui a défiguré l’image esthétique de ces cités. A la cité AADL de la même commune, les habitants des étages supérieurs ont dû s’équiper de différents moyens de stockage d’eau. Les jerricans bleus qui ont récemment fait leur apparition sur leurs balcons illustrent le calvaire qu’ils vivent à cause de la crise de l’eau. Même constat dans les nouvelles cités de Ain Malha où les habitants des étages supérieurs sont les plus impactés par ces perturbati­ons dans l’alimentati­on en eau potable. Selon les habitants, ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Dans la commune de Birtouta, les jerricans et les citernes se sont multipliés dans les nouvelles cités. Pas loin de Birtouta, les habitants de l’agglomérat­ion «Hamoud Laroussi» à la commune de Kheraissia, plus précisémen­t à la localité de «Houch El Gazouz», souffrent d’absence de l’eau dans leurs robinets depuis plus de deux semaines, une situation qui a amené de nombreux foyers à acheter des citernes pour les installer dans leurs maisons. S’agissant du phénomène d’installati­on des citernes dans les balcons des bâtiments, le président du Club des risques majeurs, le professeur Abdelkrim Chelghoum a précisé que cette installati­on était interdite par la loi car elle s’inscrit dans le cadre de travaux de modificati­on et d’élargissem­ent des bâtiments. L’installati­on d’une citerne de 1.500 ou 3.000 litres signifie un poids de plus s’élevant à 3 tonnes par bâtiment, ce qui constitue un danger en cas de tremblemen­t de terre.

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