Le malaise de l’Occident
● L’UE prépare pour la fin juillet des sanctions ciblées contre les dirigeants politiques libanais responsables du blocage dans ce pays, afin de le sortir de l’impasse.
Neuf mois après sa nomination au poste de Premier ministre, Saad Hariri a annoncé jeudi qu’il renonçait à former un nouveau gouvernement libanais. Une situation qui a provoqué l’ire, notamment, de l’Occident qui conditionne son aide à la formation d’un gouvernement.
Ainsi, les Etats-Unis ont qualifié de «décevant», dans la soirée de jeudi, le renoncement du Premier ministre désigné au Liban, Saad Hariri, à former un gouvernement. L’abandon de S. Hariri «est une nouvelle déception pour le peuple libanais»,a affirmé dans un communiqué le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, cité par l’AFP, jugeant «essentiel qu’un gouvernement engagé et capable de mener des réformes prioritaires soit maintenant formé».
De son côté, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a déclaré le même jour aux Nations unies que ce renoncement constitue «un épisode dramatique de plus dans l’incapacité des responsables libanais à trouver une issue à la crise (...) par rapport à la réalité économique et sociale».
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, organisera le 4 août prochain une nouvelle conférence internationale sur le Liban, a annoncé hier le ministre français des Affaires étrangères. Cette conférence, qui se tiendra avec l’appui des Nations unies un an après l’explosion ayant dévasté la ville de Beyrouth, est «destinée à répondre aux besoins des Libanais dont la situation se détériore chaque jour», sur fond d’interminable crise politique. Un peu plus tard dans la journée, l’Union européenne (UE) a indiqué, par la voix de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, «regretter profondément» la décision du Premier ministre Saad Hariri de se récuser pour former un gouvernement et de maintenir le pays dans l’impasse. «L’UE regrette profondément l’impasse politique qui persiste dans le pays ainsi que l’absence de progrès dans la mise en oeuvre des réformes urgentes», a-t-il ajouté dans un communiqué.
À QUI LA FAUTE ?
L’UE prépare pour la fin juillet des sanctions ciblées contre les dirigeants politiques libanais responsables du blocage dans ce pays, afin de le sortir de l’impasse. Un consensus politique a été trouvé entre les ministres des Affaires étrangères de l’UE lors de leur réunion lundi à Bruxelles pour préparer ces sanctions. «Depuis près d’un an, le Liban n’a pas de gouvernement pleinement habilité, ce qui a précipité une crise financière et économique sans précédent, dont la population libanaise continue de subir les conséquences dramatiques», a rappelé Josep Borrell. «Il est de la responsabilité des dirigeants libanais de résoudre la crise intérieure actuelle, qu’ils ont eux-mêmes créée», a-t-il affirmé. «Le Liban a besoin d’un gouvernement capable de mener à bien les principales réformes économiques et de gouvernance et de préparer les élections de 2022, qui doivent avoir lieu dans les délais prévus», a-t-il soutenu. Et d’ajouter : «Un accord avec le Fonds monétaire international reste essentiel pour sauver le pays de l’effondrement financier.»
Jeudi, Saad Hariri, désigné il y a neuf mois pour former un cabinet, a jeté l’éponge. Il a accusé le président Michel Aoun d’empêcher la formation d’une équipe de technocrates et de vouloir imposer une répartition «confessionnelle et partisane» des portefeuilles. «Si j’avais formé le gouvernement que Michel Aoun voulait, je n’aurais pas pu diriger le pays», a affirmé S. Hariri, alors que le pays est géré depuis août 2020 par un gouvernement démissionnaire chargé des affaires courantes. A son tour, le président Aoun a accusé Hariri d’entraver la formation d’un gouvernement. Le 17 octobre 2019, est déclenché au Liban un mouvement de contestation polaire en raison d’une taxe gouvernementale sur l’utilisation de WhatsApp. Si les autorités ont rapidement supprimé cette mesure, le soulèvement a gagné l’ensemble du pays, pour se transformer en révolte sociale et politique revendiquant le départ de l’ensemble de la classe politique.