Atteintes à l’environnement
Le traitement des déchets demeure négligé, alors que les quantités générées à travers la wilaya sont passées de 388 à 743 tonnes/j en vingt ans.
L’environnement subit des atteintes multiformes dans la wilaya de Boumerdès. La quantité de déchets produite localement augmente d’année en année. Elle est passée de 388 tonnes/j en 1998 à 743 t/j en 2021.
Faute d’usines de traitement, la gestion de ces déchets demeure toujours problématique. Malgré la mise en service en 2018 du centre d’enfouissement technique de Zemmouri, le deuxième après celui de Corso, quatre communes continuent à jeter les ordures ménagères dans la nature. Il s’agit de Baghlia, Ouled Aïssa, Cap Djenet et Timezrit où les décharges sauvages sont légion aux abords des routes et des oueds. A Baghlia, les ordures jetées dans l’oued Kouanine finissent dans la mer. Cette source de vie et de revenus pour des milliers de familles de pêcheurs est transformée en grand dépotoir. La semaine passée, deux vaches ont été rejetées par les vagues sur les plages de Corso et de Zemmouri, suscitant la panique et des craintes parmi les estivants. Le directeur de l’environnement, Aiouaz Lakhdar, affirme que des échantillons des eaux ont été prélevés au niveau des plages en question, soulignant que les résultats des analyses effectuées par l’observatoire national de l’environnement et du développement durable (ONEDD) se sont révélés négatifs. Quelques semaines auparavant, des milliers de poissons ont péri sur le rivage à Dellys, une localité où les eaux usées continuent à être déversées en grandes quantités vers la mer. Ce phénomène, dû à l’absence de stations de traitement et de relevage, est constaté sur toute la bande littorale. M. Aiouaz évoque l’élimination de 91 parmi les 135 points de rejet des eaux usées dénombrés dans la région, mais ce chiffre ne reflète pas la réalité, d’autant que même les grandes agglomérations urbaines manquent de station de relevage.
S’agissant des déchets, la direction de l’environnement a recensé récemment 203 points noirs à travers la wilaya. Son premier responsable parle de l’éradication de 167 points ajoutant que l’opération est toujours en cours. «Auparavant nous avions 28 décharges sauvages.
Maintenant il n’en reste 11 car 16 ont été fermées alors qu’une autre a été complètement éradiquée», a-t-il indiqué. Selon lui, la collecte des ordures est assurée par Madinet au niveau de 13 communes de la région. Cette entreprise qui emploie plus de 1400 personnes est vivement critiquée, notamment par les habitants des localités de Corso, Boumerdès et Tidjelabine. Certains se disent durement pénalisés par les odeurs se dégageant du CET de Aoudia en cette période de grandes chaleurs. «L’air devient irrespirable dès 19h. Les puanteurs se propagent à plusieurs kilomètres à la ronde. On a protesté à maintes reprises, mais aucun responsable ne nous a donné une explication à ce problème qui nous a rendu la vie insupportable.
Le temps des CET est révolu. L’Etat doit penser à réaliser des usines de tri et de recyclage», martèle un résident de la cité Mahsas. Un agriculteur exploitant un terrain en aval du CET, lui, s’inquiète des risques de pollution de la nappe phréatique par le lixiviat stocké dans un bassin en amont, rappelant que deux puits ont été contaminés par ce liquide toxique par le passé. Cette menace et tant d’autres doivent faire l’objet d’un contrôle rigoureux de la part des inspecteurs de l’environnement et autres services. Cela surtout lorsqu’on sait que la wilaya compte 3000 établissements classés, dont certains génèrent des déchets spéciaux dangereux. Mais la protection de l’environnement est l’affaire de tous, à commencer par les associations écologiques. La wilaya en compte neuf, dont deux sont de dimension nationale. Malheureusement, certaines n’existent que sur les papiers.