Des professionnels de la santé demandent l’imposition de la vaccination
La situation épidémiologique liée à la pandémie de Covid-19 est inquiétante chez nous, voire très grave. C’est pratiquement le retour à la case départ avec le franchissement de la barre des plus de 1000 contaminations et plus d’une dizaine de décès chaque jour. Une première depuis la deuxième vague de novembre 2020. Le pire est, malheureusement, à craindre car, selon les spécialistes, le nombre des cas réels de Covid-19 est quatre fois plus important que le chiffre annoncé officiellement. En dépit des appels au respect des mesures barrières – le port du masque et la distanciation –, le relâchement est toujours de mise. Pour les professionnels de la santé, le seul salut pour notre pays afin d’éviter une «catastrophe» sanitaire et protéger la population demeure la vaccination. Mais face à la réticence quant à cet acte qui est facultatif en Algérie, des médecins et des responsables de commission de santé dans plusieurs wilayas demandent aux autorités d’imposer en urgence le vaccin. Certains ont plaidé, dans un premier temps, pour un pass vaccinal obligatoire pour accéder à certains lieux publics. Une revendication, même si elle est contestée par une catégorie de professionnels, soucieuse du respect de la liberté individuelle, fait son chemin dès lors que la campagne de sensibilisation ne semble pas trop convaincre les Algériens, à leur tête le personnel soignant. Reste à savoir si les pouvoirs publics vont accéder à cette demande ? Ce weekend, c’est le porte-parole du comité scientifique chargé du suivi de l’évolution de l’épidémie qui a proposé, justement, l’obligation de présenter un pass vaccinal pour pouvoir accéder à certains espaces publics. «Il faut atteindre l’étape où l’accès aux lieux publics ne sera pas permis sans la présentation d’un pass vaccinal. Une action qui incitera les citoyens à se faire vacciner», at-il soutenu.
Le professeur Djenouhat a, pour sa part, regretté la réticence du corps médical à se faire vacciner, ce qui pourrait, selon lui, conduire à une hausse des contaminations à la Covid-19 chez cette catégorie du fait des contacts directs et permanents avec les cas hospitalisés. Dans ce sens, Lyes Merabet, président du syndicat des praticiens, considère qu’il faut réaliser en urgence des campagnes de vaccination de masse pour les professionnels de santé. Mais sans «l’obligation», cet objectif ne pourra pas être réalisé. «Personnellement, je pense qu’il faut obliger, au moins, le personnel de la santé à se faire vacciner. La vaccination est une course contre la montre, mais aussi une course pour la vie», observe-t-il. La vaccination, d’après ce praticien, protège les personnes des complications du virus et non de la maladie.
LE PERSONNEL SOIGNANT EN PREMIER
«Les personnes vaccinées n’auront pas besoin d’oxygène ni d’hospitalisation en cas de contamination au virus après le vaccin», a-t-il rassuré avant de livrer un triste chiffre : pas moins de 340 professionnels de santé, dont 200 médecins, ont perdu la vie, et près de 20 000 ont été contaminés depuis le début de la pandémie. «La liste des professionnels de santé qui succombent au virus reste malheureusement ouverte, et chaque jour, s’y ajoutent de nouvelles victimes, d’où l’obligation de la vaccination qui doit concerner l’ensemble du corps soignant», a soutenu M. Merabet. Pour le professeur Mahiyaoui, tous les médicaments peuvent provoquer des effets secondaires, mais il faut toujours peser le risque et le bénéfice. S’agissant du vaccin anti-Covid-19, le bénéfice, selon lui, est de loin plus avantageux par rapport au risque qui est extrêmement faible. «Les gens ont peur du vaccin à cause des idées de radiotrottoir, indiquant que le vaccin provoque des embolies», regrette M. Merabet. Favorables au pass sanitaire, le Dr Bitam et d’autres professeurs donnent des exemples où il peut être appliqué : par exemple, les jeunes qui veulent assister à un match de football doivent être munis d’un pass vaccinal, à défaut, l’entrée leur sera refusée. Les étudiants, qui doivent avoir la carte vaccinal pour y accéder au campus ou aux bibliothèques, les directeurs des établissements scolaires. Certains demandent aux autorités d’imposer la vaccination non seulement au personnel soignant au niveau de toute l’Algérie, mais aussi pour les corps constitués, à l’instar de la Protection civile, l’Armée nationale, ainsi que la sûreté de wilaya. «Le pass sanitaire doit s’appliquer à tous les rassemblements dans des espaces fermés. Si on arrive à vacciner au moins 20 millions d’Algériens d’ici la fin du mois d’août, ce sera un exploit», affirme le professeur Bitam.