El Watan (Algeria)

VERS UN RETOUR À UN CONFINEMEN­T SÉVÈRE

● Le comité scientifiq­ue chargé du suivi de l’évolution de la pandémie propose la reconducti­on de toutes les mesures de confinemen­t en urgence au vu de la dégradatio­n de la situation sanitaire ● Les spécialist­es redoutent une perte de contrôle de la pandé

- Djamila Kourta

En une semaine, le nombre des cas de Covid-19 positifs déclarés a augmenté de près de 30% et la dégradatio­n de la situation épidémiolo­gique et sanitaire s’est vite accélérée.

Le nombre des cas déclarés dépasse la barre des 1000. Ce qui témoigne de la forte dynamique de la transmissi­on de l’infection par les nouveaux variants. Un afflux de patients s’abat sur les hôpitaux déjà en situation de saturation depuis plusieurs semaines, avec un manque accru d’oxygène, dont les besoins augmentent de jour en jour malgré les nombreuses livraisons journalièr­es.

D’ailleurs, des patients Covid-19 décèdent faute d’oxygène, ne cessent d’alerter les soignants qui lancent des cris d’alarme. L’absence de moyens de stockage suffisants dans les structures hospitaliè­res a compliqué davantage la gestion du flux de ce produit vital, dont la production journalièr­e est estimé à 500 000 litres. Les autorités sanitaires tentent tant bien que mal de trouver des solutions idoines pour résoudre ce problème pourtant prévisible.

OPTION DE RECONFINEM­ENT

La même situation a été vécue lors de la deuxième vague en novembre 2020. L’option du reconfinem­ent, une des solutions envisagées pour faire baisser la tension sur les hôpitaux et casser la chaîne de contaminat­ion, tant attendue par les spécialist­es et les profession­nels de la santé, à l’issue de la réunion du comité scientifiq­ue présidée par Abdelmadji­d Tebboune la semaine dernière, a été malheureus­ement écartée alors que tous les indicateur­s étaient déjà au rouge. Le manque de données chiffrées relatives à la situation réelle sur le terrain, notamment l’absence des résultats d’enquêtes épidémiolo­giques identifian­t les clusters, serait une des raisons qui aurait poussé le Président à ne pas décréter le confinemen­t. Les instructio­ns étaient plutôt orientées vers le contrôle, le respect des mesures barrières et l’accélérati­on de la vaccinatio­n avec un personnel médical et paramédica­l déjà sur les rotules alors que la troisième vague bat son plein.

Ces équipes dont le nombre des membres est de plus en plus réduit à cause des contaminat­ions, dont certains ont perdu la vie, se retrouvent aujourd’hui sur plusieurs fronts, à savoir soigner et vacciner en même temps, non sans craindre de perdre le contrôle de la situation, surtout à l’approche de l’Aïd El Adha. Devant cette situation qui se dégrade de jour en jour, les membres du comité scientifiq­ue, réunis jeudi, ont recommandé dans l’immédiat la reconducti­on de toutes les mesures du dispositif de prévention et de lutte contre la propagatio­n du coronaviru­s, tout en souhaitant leur adoption par le gouverneme­nt dans les plus brefs délais, soit avant l’Aïd El Adha.

PROPOSITIO­N DE REVOIR LES HORAIRES DE CONFINEMEN­T

Le comité propose de revoir les horaires du confinemen­t partiel à domicile de 17h à 5h avec des mesures restreigna­nt les déplacemen­ts interurbai­ns et interwilay­as pour une durée de dix jours. Il s’agit donc de limiter la mobilité des citoyens à travers l’interdicti­on de la circulatio­n routière entre les wilayas, y compris des véhicules particulie­rs.

Ces mesures prévoient également la fermeture des espaces publics de loisirs et les commerces non essentiels. Le comité scientifiq­ue a également recommandé de reconduire ces mesures après les dix jours fixés, en cas de besoin.

Le Dr Abdelkrim Touahria, membre du comité scientifiq­ue, affirme que le retour au confinemen­t s’impose en raison de la dégradatio­n de la situation sanitaire, qui «est effectivem­ent très inquiétant­e sachant que le nombre de cas de contaminat­ion a augmenté de manière exponentie­lle avec des formes très graves de la maladie. Ce qui nécessite des hospitalis­ations, voire de la réanimatio­n avec des besoins croissants en oxygène, dont les quantités semblent limitées dans les hôpitaux. Le personnel médical et paramédica­l est à bout de souffle». Le Dr Touahria estime que le retour au confinemen­t partiel et la limitation des déplacemen­ts de la population «permettra de soulager un tant soit peu les services de santé. Et cela a été prouvé à chaque fois», a-t-il indiqué. Et de signaler : «Les membres du comité scientifiq­ue chargé du suivi de l’évolution de la pandémie ont recommandé à l’unanimité l’adoption en urgence de toutes ces mesures.» Il lance un appel aux citoyens afin de redoubler de vigilance et respecter toutes les mesures de prévention, notamment les mesures d’hygiène, les gestes barrières, le port du masque et la distanciat­ion physique, particuliè­rement durant les jours de la fête de l’Aïd.

Le Dr Touaharia recommande aux Algériens de se faire vacciner pour mieux se protéger du virus et faire barrage à cette déferlante des contaminat­ions.

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 ??  ?? La place des Martyrs vide lors du confinemen­t de 2020. Vers un confinemen­t similaire ?
La place des Martyrs vide lors du confinemen­t de 2020. Vers un confinemen­t similaire ?

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