La mercuriale flambe
● Les Algériens fêteront demain, à l’instar de tous les musulmans, l’Aïd El Adha
● Pour les commerçants, c’est la double fête : l’Aïd et surtout la célébration des recettes vertigineuses qu’ils se sont fait avec l’augmentation des prix des fruits et légumes et des produits de large consommation en cette circonstance.
Même si ce n’est plus une surprise de voir les prix des produits agricoles et agroalimentaires augmenter, le malaise que vivent les ménages reste intact. «Ils parlent tous de l’islam, de tolérance et surtout de clémence. Tout le monde s’improvise mufti. Mais dès qu’une occasion religieuse ou toute autre fête se présente, ils se transforment en mercenaires et nous vident nos poches sous prétexte que les prix sont libres et que l’augmentation est ailleurs. Le problème est que nous n’avons pas le choix et que nous devons acheter», témoigne Rabia, quinquagénaire rencontrée au marché T’nach à Belouizdad, avant de montrer sa colère au vendeur de légumes. En effet, les prix des fruits et légumes ont flambé en l’espace de 48 heures.
Comme chaque année à le veille de la fête de l’Aïd, les prix les fruits et légumes prennent des ailes. Sur l’ensemble des marchés, les prix des denrées sont repartis à la hausse, comparativement à ceux pratiqués il y a encore quelques jours. Une hausse vertigineuse qui peut atteindre le double, voire le triple pour certains légumes surtout. Les navets et la courgette sont à 220 et 250 DA. Il y a quelques jours seulement, leur prix ne dépassait pas les 80 à 120 DA. Les haricots verts sont devenus un légume de luxe. Leur prix dépasse les 250 DA le kilo. Même les légumes pourtant de saison n’ont pas été épargnés par cette flambée. La tomate est désormais à 150 DA contre 100 DA le week-end dernier. De même pour les poivrons à 140 DA contre 100 DA, la laitue à 150 DA, la pomme de terre à 70 et 80 DA, les oignons à 50 DA et l’artichaut à 200 DA. Au rayon viandes rouges et blanches, il n’y a pas de place pour les petites bourses. Des chaînes interminables se sont formées ces derniers jours devant les boucheries, dites de rahma. Le but est de se procurer un peu de viande pour célébrer cette fête religieuse, surtout que les prix des moutons ont eux aussi augmenté de près de 10 000, voire 15 000 DA. Donc, à défaut de pouvoir se procurer un mouton pour cet Aïd, acheter de la viande est l’unique solution, à condition que son prix soit accessible. Dans ces boucheries, le kilo de viande rouge est cédé à partir de 1200 DA. Le prix du poulet a également pris des ailes pour atteindre les 440 DA le kilo. «C’est de la folie. Le pauvre ne peut plus vivre dans ce pays. Il ne peut ni boire de l’eau vu la crise et les coupures, ni manger vu ces prix non contrôlés. Nos salaires ne suffisent plus. Il ne reste que l’oxygène qui finira certainement par être taxé», s’emporte Mourad, fonctionnaire et père de 4 enfants rencontré au marché de Bab El Oued. Quand les prix des légumes flambent, les fruits suivent la cadence. C’est devenu une règle chez les commerçants qui rejettent souvent la balle dans le camp des grossistes et des mandataires. La banane est cédée entre 190 et 250 DA, les pommes entre 200 et 400 DA. Il ne reste que le melon et la pastèque qui sont à 40 et 50 DA le kilo. «C’est inacceptable. Nous avons toujours dénoncé cette spéculation qui perturbe la quiétude de cette fête qui revient cher chaque année. Nous appelons les départements concernés, à savoir le Commerce et l’Agriculture, à prendre en considération ce problème qui perturbe les prévisions budgétaires des ménages», déclare Hacène Menouar, président de l’association El Aman de protection du consommateur. Il appelle dans ce sens ces autorités à mettre en place un système de prévisions de la demande lors de ces périodes de l’année afin d’éviter le dérèglement entre l’offre et la demande et de facto l’impact sur les prix. Il réclame également la mise en place de chaînes frigorifiques, de marchés de proximité et hebdomadaires afin de combler le déficit en espaces commerciaux et surtout réduire les frais de transport qui influent à leur tour sur les prix répercutés au consommateur. Ce dernier est à son tour appelé par l’association El Aman à boycotter les produits qui connaissent des hausses injustifiées afin de pénaliser les spéculateurs et les pousser à revoir leur politique des prix qui changent selon les circonstances et non selon l’abondance de la production.