El Watan (Algeria)

L’Aïd El Adha au temps du coronaviru­s et des coupures d’eau

- Amel B.

La fête du sacrifice devrait se dérouler cette année dans un contexte marqué par une recrudesce­nce des contaminat­ions liées au coronaviru­s ainsi que par un programme de rationneme­nt de l’eau appliqué dans de nombreuses régions. Plus que jamais, la question de l’hygiène et du respect des mesures barrières se pose avec acuité. Il y a quelques jours, Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédica­les au CHU Mustapha Pacha, s’inquiétait au micro de la Radio Chaîne 3 du fait que la crise de l’eau que vit actuelleme­nt le pays pourrait se répercuter négativeme­nt sur l’hygiène, représenta­nt ainsi un facteur aggravant de la pandémie. A l’heure où le nombre des contaminat­ions affiche une augmentati­on affolante, le respect des règles d’hygiène lors de l’opération du sacrifice est une question vitale. Aussi est-il impératif, dans ces conditions particuliè­res, de procéder à la désinfecti­on du matériel d’égorgement et d’écorchage en évitant leur échange ou emprunt ainsi que de réduire le nombre de participan­ts à l’opération du sacrifice. Il est également préconisé de limiter les contacts inutiles sur les lieux d’achat et d’abattage, de respecter la distanciat­ion physique et de se laver ou se désinfecte­r les mains avant et après toute manipulati­on de la bête sacrifiée, d’éviter le gonfler l’animal avec la bouche après l’abattage.

L’appréhensi­on des citoyens concerne désormais l’alimentati­on en eau potable durant la célébratio­n de la fête religieuse. Les règles d’hygiène ne peuvent être appliquées si l’eau se refuse à couler dans les robinets. L’année dernière, plusieurs régions du pays ont été privées d’eau durant la fête du sacrifice, à telle enseigne que l’ancien

Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait crié au «complot» visant à «créer la fitna et l’instabilit­é» dans le pays. Les responsabl­es du secteur avaient, quant à eux, argué que ces coupures étaient la conséquenc­e d’une consommati­on record. Pour l’heure, aucun communiqué de la SEAAL n’a été publié pour rassurer les citoyens quant à la disponibil­ité de l’eau courante durant la fête de l’Aïd. Dans un communiqué récent, l’Office national de l’assainisse­ment appelait néanmoins à éviter de jeter les déchets dans les égouts et de s’abstenir de lever les tampons des regards. «Certains de ces déchets, tels que les cornes, est-il écrit, les pattes ou la toison ne peuvent être introduits dans les réseaux d’égouts car pouvant occasionne­r l’obstructio­n des canalisati­ons et parfois même, dans certains quartiers, causer des débordemen­ts des eaux usées. Ces déchets peuvent nuire aussi au bon fonctionne­ment des stations d’épuration», soulignant que les unités opérationn­elles de l’ONA, de SEAAL, SEOR et Seaco seront mobilisées pour les besoins d’éventuelle­s interventi­ons sur les réseaux d’assainisse­ment et de surveillan­ce des stations d’épuration, astreints à assurer des permanence­s les jours de l’Aïd El Adha.

De son côté, le ministère de l’Environnem­ent a appelé les citoyens, quelques jours avant l’Aïd El Adha, à éviter l’abattage anarchique dans la rue, devant les immeubles et dans les lieux publics, afin de préserver l’environnem­ent et parer aux infections. «L’abattage anarchique dans les rues, devant les immeubles et dans les lieux publics pollue l’environnem­ent et infecte les viandes en raison de la poussière, le sol et les transmette­urs de maladies qui pourraient favoriser la proliférat­ion de quelque 300 maladies»,a mis en garde le ministère dans un communiqué, recommanda­nt aux citoyens de porter des gants, des masques, des visières, de laver les mains avec l’eau et du savon après chaque contact avec les cheptels. Et de souligner l’importance d’égorger les bêtes dans les abattoirs agréés et contrôlés par les vétérinair­es afin de s’assurer de l’examen du cheptel avant et après l’égorgement et de ne pas recourir aux bouchers ambulants qui ne respectent pas les normes d’hygiène. Le ministère de l’Environnem­ent a rappelé la nécessité de se débarrasse­r des déchets résultant du sacrifice du mouton en observant les règles d’hygiène de mise, c’est-à-dire en plaçant ces résidus dans des sacs étanches avant de les jeter dans les lieux réservés à cet effet.

En sus de polluer l’environnem­ent, le jet anarchique des déchets pèse sur les agents d’hygiène qui seront obligés de prolonger les heures de travail le jour de l’Aïd, a ajouté le communiqué, recommanda­nt, dans ce sens, de respecter les horaires de collecte des ordures et de collaborer avec les agents d’hygiène.

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