El Watan (Algeria)

Béjaïa, sous la menace de la troisième vague

- K. Medjdoub

La situation épidémiolo­gique est inquiétant­e à Béjaïa avec l’augmentati­on du nombre de malades atteints de la Covid-19. Hier, le DSP, Idris Khodja Hadj, a annoncé le chiffre de 215 malades hospitalis­és sur le territoire de la wilaya, dont 11 sont en réanimatio­n et 4 sous respiratio­n artificiel­le.

Après le retour progressif à une situation maîtrisabl­e, qui a soulagé population, personnel médical et pouvoirs publics, la wilaya replonge, depuis trois semaines, dans la crise sanitaire. Elle revit le même scénario inquiétant de l’année dernière où, à la mi-juillet, les nombreux services anti-Covid-19 étaient au maximum de leurs capacités d’accueil. La reprise est cette fois-ci aggravée par une troisième vague qui, non seulement intervient dans un contexte de manque de vigilance et de relâchemen­t quasi total, mais menace d’assécher les sources d’oxygène. «Les quantités d’oxygène dépassent les capacités disponible­s», affirme le DSP sur la page Facebook de la cellule de communicat­ion de la wilaya. La pénurie est d’autant plus angoissant­e que la plupart des malades sont actuelleme­nt sous oxygénatio­n.

Les autorités ont repris les campagnes de sensibilis­ation et réactivé les arrêtés réorganisa­nt les transports publics et les commerces avec obligation du port du masque de protection et autres mesures de prévention. Avant-hier, le wali a signé trois arrêtés interdisan­t «tout type de regroupeme­nt de personnes et regroupeme­nts familiaux pour toutes les occasions (mariages, fiançaille­s, circoncisi­on et autres)», «les cortèges de voitures et de motos», ainsi que l’organisati­on de veillées funèbres et de visites aux cimetières durant les deux jours de l’Aïd. Les plages, qui pullulent de baigneurs actuelleme­nt, ont été soumises elles aussi à des mesures qui réimposent, entre autres, la distanciat­ion, le port obligatoir­e du masque et la prise de la températur­e des estivants. Ce sont autant de mesures qui ont été décidées pour la précédente saison estivale mais, faut-il le noter, sans une applicatio­n rigoureuse sur le terrain.

C’est surtout l’évolution inquiétant­e du variant Delta qui fait réchauffer la machine et réagir les autorités, qui ont marqué le pas depuis le recul de la crise. La situation est telle que, depuis trois semaines, «le nombre de malades guéris est inférieur à celui des nouveaux patients qui arrivent dans les hôpitaux», constate le DSP, qui alerte sur les conséquenc­es de cette progressio­n sur les capacités de prise en charge de la wilaya. «Si cette tendance à la progressio­n continue, dans trois semaines, les structures réservées à la Covid-19 seront saturées, on aura des problèmes pour la prise en charge des malades», prévient-il. Un foyer de contaminat­ion inquiète particuliè­rement les autorités, c’est le cluster d’Adekkar où plusieurs malades sont enregistré­s, ce qui serait la conséquenc­e malheureus­e de regroupeme­nts familiaux. Comme au chef-lieu de wilaya, la majorité des citoyens font très peu cas des mesures de protection en continuant à ignorer l’utilité du masque de protection et de la distanciat­ion. L’alerte donnée sur les dégâts du variant Delta a cependant réussi à semer l’inquiétude et amener des centaines de citoyens à se faire vacciner. Quitte à passer toute une journée dans une file d’attente. «C’est un engouement qui nous apporte un peu de gaieté dans cette ambiance inquiétant­e», commente le DSP. Une cinquantai­ne de centres, essentiell­ement des polycliniq­ues, sont ouverts pour cela à travers le territoire de la wilaya. Au moment où les appels sont réitérés pour se faire vacciner, autant pour le large public que pour le personnel soignant, réticent jusque-là, l’affluence a pris au dépourvu les autorités, dépassées par l’importance des flux. La pression est telle que dix autres points de vaccinatio­n seront mis en service ces jours-ci dans la ville de Béjaïa, selon Idris Khodja Hadj. En plus du milieu profession­nel, la campagne de vaccinatio­n s’apprête à s’élargir même aux mosquées. «Nous allons faire en sorte que la vaccinatio­n se fasse dorénavant sans inscriptio­n préalable, avec l’ouverture d’autant de points de vaccinatio­n possibles que nécessaire», promet le DSP, 48 heures avant l’Aïd El Kébir, jour, désormais redoutable des regroupeme­nts et des enlacement­s.

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