Un spectacle qui veut bousculer les vieilles habitudes
Pour les comédiens, il s’agit de finaliser le projet d’un spectacle théâtral qui leur tient à coeur et intitulé El Hawma, écrit et imaginé par la jeune présidente de l’association Leila Bouanane, dont la générale est prévue au TRO le 27 juillet.
D’abord au petit théâtre du quartier Sidi El Bachir (ex-Saint Michel), ensuite au Conservatoire, les membres de la troupe de l’association culturelle Arts de la Scène ont finalement posé leurs bagages sur le siège du cercle culturel Ben Mahrez el Wahrani, attenant à la salle El Feth. Il s’agit pour les comédiens de finaliser le projet d’un spectacle théâtral qui leur tient à coeur et intitulé El Hawma, écrit et imaginé par la jeune présidente de l’association Leila Bouanane, dont la générale est prévue au TRO le 27 juillet. La thématique consistant à traiter de la vie de quartier et de dénoncer les maux qui s’y affèrent n’est pas nouvelle, mais ici l’intérêt, loin des stéréotypes, réside dans les aspects psychologiques, c’est-à-dire grosso modo montrer comment le renoncement et l’enlisement dans les habitudes ancrées au fond de chacun empêchent les porteurs d’idées, les initiateurs de projets de concrétiser leurs rêves. Il y a une part de vécu dans ce texte écrit par une jeune passionnée de théâtre qui souffre elle-même du fait qu’étant jeune, on ne la prenne pas souvent au sérieux. Combien de fois n’ai-je pas entendu dire à mon sujet : «Non ! Elle c’est une gamine» et cela me révolte, explique-telle. Cependant, elle n’est pas du genre à baisser les bras. Avec sa bande de copains, elle active depuis 2015, mais en dehors des cadres conventionnels (maison de jeunes, association, institutions diverses).
Ce n’est que très récemment, à peine une année, que l’association en question a été créée pour servir notamment de cadre à ce projet, mais pas seulement. C’est la rencontre en cours de route avec Kadour Belkhemassa, diplômé de théâtre depuis les années 1960 et riche d’une expérience inestimable dans le domaine de l’enseignement des arts dramatiques qui a servi de facteur déclenchant. «En étant organisé en association, nous avons accès à beaucoup de choses, notamment les salles de répétition», indiquent-ils, reconnaissant une aide précieuse de l’APC d’Oran.
Le projet en lui-même n’est pas de facture classique, car, les jeunes comédiens, issus d’univers divers, veulent un spectacle complet incluant des passages chorégraphiques, des décors réalisés par des diplômés de l’école des beaux-arts (un coup de main), etc. «Nous voulons faire du vrai théâtre, car le constat est qu’en ce moment les jeunes versent plutôt dans le stand-up et nous, par ce projet, nous voulons aussi montrer qu’il est possible d’aller au-delà pour explorer nos possibilités dans le domaine du quatrième art». Pédagogue, Kadour Belkhemassa sait comment prodiguer des conseils et diriger la troupe sans trop s’imposer pour laisser à chacun la liberté de faire appel à ses propres ressources dans la construction de son personnage. Beaucoup d’éléments de l’association profitent de cette formation, mais le spectacle va reposer sur un noyau dur.
Parmi eux, certains ont déjà une expérience remarquable et c’est le cas de Hichem qui fait la navette entre Oran et la ville de Sig (wilaya de Mascara). Il est l’auteur d’un monologue et l’un des passages exécutés lors d’une des répétitions au Conservatoire cadre bien avec le spectacle en préparation, mais montre surtout le talent d’acteur de l’auteur. «Je suis très à l’aise avec cette équipe où nous sommes tous sur un pied d’égalité, car nous sommes réunis autour d’un projet avec, pour chacun, un rôle à jouer et il le fait du mieux qu’il peut», explique-t-il avec humilité. L’idée a été justement d’inclure un passage du monologue dans la pièce. Du théâtre dans le théâtre pour donner plus de profondeur à la thématique traitée. Un des éléments féminins de la troupe vient de Misserghine. Celle-ci a également bénéficié d’une formation qu’elle compte bien développer et mettre à profit au service du projet. Tous les comédiens sont motivés à l’idée de monter sur scène et tous ces jeunes méritent d’être encouragés.