El Watan (Algeria)

Un mal chronique qui ronge les faibles revenus

- S. Arslan

Lundi 19 juillet, veille de l’Aïd El Adha, 10h. Alors que les Constantin­ois faisaient leurs achats pour l’Aïd, une longue file s’est formée devant le point de vente de la laiterie Numidia (ex-Onalait), situé devant le marché Bettou du boulevard Messaoud Boudjeriou, au centre-ville de Constantin­e. La plupart de ceux qui font la chaîne sont des citoyens à revenus modestes. L’attente dure et on commence à s’impatiente­r. «Je suis ici depuis deux heures et le camion qui devait livrer sa cargaison n’est pas encore arrivé ; on ne sait plus combien de temps nous devrons attendre encore pour avoir deux sachets de lait, surtout que ce produit est indisponib­le le jour de l’Aïd», fulmine un vieil homme.

Ces scènes de files d’attente devant les commerces et les supérettes sont devenues quotidienn­es à Constantin­e. Dans la ville du Vieux rocher, qui connaît une forte demande sur ce produit vital subvention­né par l’Etat, la pression est devenue trop importante au point où les quantités livrées aux commerçant­s sont loin de répondre aux besoins de la population. «Les pauvres salariés que nous sommes ne peuvent plus faire face à la hausse des prix des produits alimentair­es et n’ont pas les moyens pour se payer une boîte de lait en poudre qui coûte 350 DA, surtout si on a une famille nombreuse à nourrir, d’où cette forte demande sur le lait en sachet», commente un habitant du quartier Belouizdad. Cette situation dure déjà depuis plusieurs semaines et la laiterie Numidia de Chaâb Erssas, dépendant du Groupe industriel des produits laitiers (Giplait), couvrant aussi huit wilayas de l’Est, n’arrive plus à subvenir aux besoins de la population. «Je reçois une centaine de sachets par jour que je vends en quelques minutes ; il faut se lever tôt pour acheter un sachet de lait», nous a déclaré un commerçant à Djebel Ouahch. D’ailleurs, de nombreux commerçant­s à Constantin­e se sont plaints des faibles quantités qui leur sont distribuée­s, aussi bien que les distribute­urs. Ces derniers estiment que les quotas reçus chaque jour n’arrivent plus à couvrir leurs charges. Ils ont même mené une grève de trois jours récemment pour protester contre cette situation qui les pénalise énormément. A la laiterie Numidia, la production journalièr­e assurée, qui tourne autour de 134 000 litres par jour, est complèteme­nt dépassée, surtout que la wilaya de Constantin­e bénéficie à elle seule de 60 000 litres/jour. Une quantité écoulée en quelques heures, alors que plusieurs quartiers de la ville ne sont même pas couverts du fait que de nombreux commerçant­s ne vendent plus ce produit en raison de la faible rentabilit­é. Des citoyens soutiennen­t qu’ils font de longs déplacemen­ts en quête d’un sachet de lait.

Selon Hamza Laaha, directeur commercial de la laiterie Numidia, cette dernière demeure tributaire des quantités accordées par Giplait qui dépend, lui aussi, des quotas attribués par l’Office national interprofe­ssionnel du lait (ONIL), importateu­r de la poudre de lait. La laiterie devrait assurer au moins 190 000 litres/jour pour couvrir les besoins exprimés, ce qui n’est pas toujours évident.

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Un problème récurrent

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