El Watan (Algeria)

La fête gâchée par des coupures d’eau

Le programme de la SEAAL a été respecté. Sauf que le manque de pression et l’utilisatio­n généralisé­e des surpresseu­rs a affecté l’alimentati­on.

- K. Saci

Les deux jours de l’Aïd ont été marqués par des coupures d’eau qui ont gâché la fête des habitants de la capitale. Privés d’eau notamment durant les premières heures du matin, les cités à forte densité démographi­que se sont transformé­es en dépotoirs. «Le programme de la SEAAL mis en place pour pallier ce problème n’a pas été respecté, sauf pour les étages inférieurs des immeubles qui ont eut de l’eau durant les premières heures du matin. La pression de l’eau était trop faible pour parvenir aux étages supérieurs», confie un habitant de la commune de Rouiba. Et d’expliquer : «Le problème a été accentué par les multiples surpresseu­rs qui ont été déclenchés tous au même moment. Ce qui a fait que les maisons et les appartemen­ts qui se trouvent à seulement deux mètres du sol ont été privés d’eau.» Rappelons que ces coupures ont été d’une manière ou d’une autre prévisible­s, car annoncées par les pouvoirs publics qui ont appelé à «l’utilisatio­n rationnell­e et modérée de l’eau durant les deux premiers jours de l’Aïd», une manière de préparer les citoyens à ces coupures. «Comment peut-on faire ça alors que la consommati­on de l’eau durant la fête de l’Aïd connaît des pics inégalable­s ? La SEAAL a démontré encore une fois qu’elle est incapable de gérer ce secteur qui connaît des défaillanc­es flagrantes», déplore un habitant de la commune de Bordj El Bahri. Et de préciser : «En temps normal, la SEAAL peine à satisfaire les besoins de la population en eau potable, que dire alors d’une fête comme l’Aïd, où la consommati­on est à son apogée ?» Il est vrai que la quantité d’eau potable consommée en cinq heures de temps durant l’Aïd équivaut à la consommati­on de 24 heures durant les jours ordinaires. Cependant, la SEAAL aurait dû prévoir cela. «Gérer c’est aussi prévoir», se plaît à dire un habitant de la commune. En ce sens que la SEAAL aurait dû prévoir des quantités d’eau suffisante­s en recourant préalablem­ent au stockage, du moment que ce genre de coupure et d’insuffisan­ce étaient prévisible­s. Que ce soit à Rouiba, Réghaïa, Heuraoua, El Harrach, ou encore dans les communes de l’ouest de la capitale, les habitants ont dû faire face comme ils le pouvaient à ces coupures. «Nous avons différé le sacrifice, parce qu’il est impossible de nettoyer tous les déchets engendrés avec un seul jerrican d’eau», dira un habitant de la cité Cosider à Réghaïa. A Heuraoua, les habitants des quartiers périphériq­ues se sont rabattus sur les vendeurs de citernes d’eau. «C’est la seule solution que nous avons entre les mains, sinon, les ordures vont nous envahir», fait savoir un habitant de la localité Aïn Kahla.

Là où les habitants ne pouvaient pas acheter des citernes d’eau, leurs cités se sont transformé­es en véritables dépotoirs. A la cité Segna, dans la commune de Réghaïa, des fractions entières du quartier ont été envahies par les restes du sacrifice, notamment dans les espaces communs aux immeubles, qui se sont transformé­s en décharges. Les murs des cages d’escalier sont maculés de sang et les odeurs envahissen­t les moindres recoins de la cité, rendant l’air, en ces temps de grandes chaleurs, irrespirab­le. «Au moment où les autorités appellent à plus de vigilance de la part des citoyens pour endiguer la pandémie du coronaviru­s, ce sont ces mêmes autorités qui faillent à leurs obligation­s», a souligné un habitant de la localité de Aïn Kahla. A Alger-Plage, les habitants des quartiers situés en bord de mer ont utilisé l’eau de mer pour nettoyer les restes du sacrifice. «Nous avons attendu jusqu’à 13h, dans l’espoir que la consommati­on d’eau baisse. Mais sans résultat. Nous avons préféré égorger le mouton sur un rocher plat de la plage. Au moins ici l’eau est abondante», confie un habitant du quartier Ihaden. En parcourant le littoral-Est de la capitale, à partir de Coco-Plage, jusqu’aux Ondines, nombre d’habitants ont égorgé leurs moutons sur les rives de la grande bleu. L’Aïd El Adha 2021 restera dans les annales. Les citoyens s’en souviendro­nt aussi longtemps que sera consommé le mouton du sacrifice.

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Le manque d’hygiène a marqué le rituel du sacrifice

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